Editorial

Éditorial : Bunagana, le règne d’un flou

Ce mardi 13 juin, le soleil se couche sur Kinshasa, à l’heure où nous mettons ces lignes sous presse, un autre jour s’apprête à se lever et Bunagana entame sa deuxième année sous occupation. Car ce 14 juin, cela fera une année jour pour jour depuis que cette cité stratégique est tombée entre les mains des rebelles du M23.

Une année qui est caractérisée par une succession des espoirs déçus, des illusions perdues. L’arrivée des troupes Kényanes, dans le cadre de la force régionale était censée être le déclic pour amorcer la reconquête de Bunagana. 7 mois que ces troupes sont là, l’arme est restée au pied et la profession de foi des « amis Kényans » a l’outrecuidance de prendre à contre-pied le président de la République qui avait annoncé, en septembre 2022, que le contingent kényan entrerait par Bunagana et que l’hécatombe allait s’abattre sur les rebelles.

Après les soldats du Kenya, ceux de l’Ouganda ont pénétré la RDC via Bunagana, qui se trouve être la frontière menant vers l’Ouganda. Le constat a été le même. Non seulement, les rebelles ont conservé la cité de Bunagana, ils ont même conquis d’autres villages dans le Rutshuru, après avoir consolidé Bunagana comme leur place forte, leur siège, là où l’administration de la rébellion a pris ses quartiers et d’où elle signe des documents, perçoit des taxes et régente la vie.

Et dans la situation de ni paix ni guerre, même les autorités Congolaises se sont interrogés Bunagana et consorts sont sous la souveraineté de qui? C’est la question du Vice-premier ministre en charge des Affaires étrangères Christophe Lutundula. « On nous a dit que le M23 s’est retiré de Bunagana, Rutshuru, Kibumba et j’en passe, mais ces espaces sont sous la souveraineté de qui? Motus et bouche cousue de la part de tous. Si les rebelles se sont retirés, la cité est dirigée par qui? C’est le règne du flou inqualifiable.

Maintenant que la guerre continue puisque les forces combattantes sont en réalité tapies dans l’ombre, observant tout, la main sur la gâchette, on peut se demander à qui profite le statu quo? Certainement pas à l’État Congolais qui lui, s’en remet à « la communauté internationale qui doit être conséquente », ainsi que l’a dit Christophe Lutundula.

Patrick Ilunga

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