Editorial

ÉDITORIAL : Du pays – solution aux solutions pays, la RDC tangue

Des mois passent et des voies multiples se présentent en République Démocratique du Congo (RDC) pour se vendre comme les moyens adéquats de manifester le potentiel immense qui fait de ce pays une solution pour les problèmes de la planète. Des délégations ministérielles se déplacent dans les fora internationaux pour aller plaider pour ce statut de pays-solution.

Notre orgueil national est flatté par cette reconnaissance mondiale. Aujourd’hui, pour les terres rares et hier, c’était pour l’uranium de Shinkolobwe et avant-hier, pour l’hévéa, l’arbre à caoutchouc. Le Congo a été conçu dès l’origine comme un pays-solution … aux problèmes des autres, mieux aux problèmes planétaires. Et on peut aisément faire la comptabilité de la réalisation de ces solutions. Quand il fallait donner la main-d’œuvre à l’Amérique, la solution était la traite négrière. Celle-ci a réduit de moitié les populations du Bassin du Congo. Plus tard, l’époque de l’industrie automobile a coûté encore la moitié de cette population. On a dénombré près de dix millions de morts.

Pays-solution, nous l’avons été pour le monde sans pour autant que nous mettions en place des solutions pour le pays. Depuis le premier habitant de la terre Congolaise, le pays a servi aux desseins multiples mais ses populations, si elles n’avaient pas été décimées, ont atterri dans l’Univers des peuples pauvres et misérables.

Avec la révolution numérique et la transition énergétique, le monde, encore lui, s’est souvenu que le pays de Patrice-Emery Lumumba, le Héros National, était doté des ressources qui s’imposaient comme facteurs clés pour accéder à cet Univers progressiste. Mais en entendant, le pays-solution pourvoyeur des métaux de base et stratégiques dont principalement le cuivre, le cobalt, le coltan… a eu en 30 ans plus de 10 millions de morts, sacrifiés sur l’autel de la prédation et des mafias minières.

Au bout de ce tunnel historique sans fin, le leadership national a commencé à s’interroger sur l’avenir du Grand Congo et à se poser des vraies questions. Ainsi est née la notion des solutions pays, la part du peuple dans la grande machine mondiale qui est déployée dans ce pays sous-continent. Pays-solution est une opportunité mais solutions pays est une obligation, une nécessité de trouver des voies locales pour résorber cette pauvreté qui s’est installée dans le pays et qui asphyxie l’énergie de créativité de tout un peuple dont les regards et les mains sont tournés vers l’extérieur en attendant l’investisseur.

Il est venu le temps de briser ce cycle et de mettre les deux solutions au même niveau. La destinée internationale du Congo ne peut se faire au détriment du pays lui-même dont le destin se joue sur le territoire national.

William – Albert KALENGAY

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