Politique

Éditorial : Enjeux et Dangers à la primature

Ça bouge dans les États-majors politiques de la République Démocratique du Congo, les tractations vont bon train pour la mise en place des nouveaux animateurs, les ambitions s’expriment en termes de revendications électorales. Des plateformes de puissance politique se mettent en place pour se positionner comme des cohérences des groupes et revendiquent des quotas dans le partage des postes. Au regard de la loi, dans un régime parlementaire le Premier ministre devrait être issu du parti majoritaire à l’issue des élections législatives. En termes comptables, il faut une majorité de 250 plus 1.

A ce jour, aucun parti politique n’est parvenu à avoir ce nombre impressionnant de sièges, limite légale pour obtenir un poste de Premier ministre. La majorité n’étant pas évidente, le Président de la République se doit de désigner un Informateur pour identifier ladite majorité. On comprend que par intelligence anticipative, certains se mettent ensemble pour travailler leurs copies portant ambitions et pour constituer des blocs solides au sein de l’Assemblée nationale.

On a vu un premier groupe avec Vital Kamerhe, Julien Paluku, Jean-Lucien Bussa et d’autres sous le label de la Dynamique AA/UNC, AVK 2028, AB50, AMSC, AAAP, CODE et CDER. Ce groupe aurait à ce jour plus de 150 élus nationaux et provinciaux. A côté, il y a d’autres groupes en gestation qui se positionnent pour une visibilité de partage et qui anticipent sur les ambitions des uns et des autres. Tous sont demandeurs d’une chose que personne n’a gagné à l’issue des élections car, de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), parti cher à Félix Tshisekedi qui a 69 sièges, au dernier des partis, tous sont représentés certes mais personne n’a le monopole de l’évidence pour la Primature.

L’enjeu est connu c’est la consolidation des acquis, promesse faite par Félix Tshisekedi à la population pour un deuxième mandat. Cette promesse qui lui a valu un plébiscite avec 73 % de suffrages exprimés en sa faveur. Le danger, c’est la fissure inévitable qui va se manifester quand le choix sera fait et qu’il ne toucherait pas ceux qui s’estiment comme des ayants-droits. Le danger, c’est aussi la volonté de construire des îlots d’ambitions personnelles dans une mer agitée par un destin collectif, de se positionner comme un héritier d’un royaume de conquête alors que nous sommes encore dans une quête républicaine où la force est aux institutions et aux hommes une citoyenneté responsable.

Le chef de l’État est appelé à parler à ses partenaires de l’Union sacrée pour la nation (USN), de leur expliquer l’enjeu, de leur dire ce qu’il compte faire et de construire avec eux les différents arbitrages. Même si son choix sera celui qui va s’imposer, il se doit en interne de le gagner par une approche explicative. De mettre sur table les ambitions exprimées même celles à peine suggérées. De les traiter avec minutie et s’il ne peut donner, il doit au moins expliquer pourquoi car, il y va de la cohérence de la majorité et de l’efficacité de l’action gouvernementale.

Cette étape d’atténuation des ambitions doit se faire entre lui et les principaux leaders pour qu’il mette en place la plateforme de compensation nécessaire à tout changement tactique en politique.
Le danger, c’est de sacrifier à l’efficacité le triomphe d’une géopolitique qui serait le terreau d’un tribalisme récurrent.
Arbitrer pour construire une route commune est le défi qui se présente au chef de l’État et l’on peut espérer qu’il s’y penche avec la même sagesse qu’il a montré jusqu’alors.

Robert Tanzey

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