JUSTICE

Éditorial – Entre aveux de Nkuba et dénégations : La justice, seul rempart

Quelle ironie que le destin nous jette à la figure, quand-même ? Le mois d’avril censé s’ouvrir par une blague pour rire, a commencé avec une nouvelle inédite, par ailleurs très sérieuse, au point d’émouvoir jusqu’à Ellen Johnson Sirleaf, ex présidente du Libéria : il s’agit de la nomination de Judith Suminwa comme première ministre, en remplacement de Jean-Michel Sama Lukonde. Il s’agit en fait d’un coup historique, qui a choisi le premier jour du mois d’avril pour être annoncée.

Quatre jours plus tard, une autre nouvelle est venue secouer le déjà-agité paysage politique en RDC : les révélations du « bras droit » de Corneille Nangaa. Eric Nkuba est en effet un élément du néo rebelle, Nangaa Yobeluo, puisque celui-ci a publié un communiqué où il pointe du doigt la présidente Samia Suluhu, chef de l’État de la Tanzanie dans l’arrestation de ce membre de la rébellion.

Le coup est parti de loin, de Dar-Es Salam, en Tanzanie pour venir atterrir à Kinshasa. Au-delà du fait qu’il s’agit d’un coup de maître d’une coopération silencieuse, mais efficace, ce qui est sidérant ce sont les révélations de Nkuba ou plutôt les noms qu’il cite parmi les soutiens ( présumés ou avérés ?) des rebelles. Incroyable, impensable, impossible !
C’est comme si le mois d’avril a décidé de partir en vrille avec des informations qui nous mettent sens dessus dessous. Il ne s’agit pas d’un buzz de mauvais goût. Bien évidemment la logique légale veut que chaque personne incriminée ou citée soit d’abord considérée comme présumée innocente avant le justice n’établisse éventuellement sa culpabilité. Il ne s’agit pas d’une Fake news débitée dans les réseaux sociaux. Non, le monsieur est passé aux aveux devant les services de sécurité. On parle là de la sécurité du pays, des institutions et des populations. On parle d’un sujet qui mobilise jusqu’au Conseil de sécurité de l’ONU.

Et comme le monde politique n’est jamais avare de la parole, les rois de la faconde s’en donnent à cœur joie dans les réseaux sociaux. Tous ces débats se font sur fond de l’actualité judiciaire aujourd’hui en République démocratique du Congo où la peine de mort est réactivée pour des faits touchant à la sécurité du pays. Nous voilà devant un cas inédit de toute l’histoire tourmentée de la RDC: sur le banc des accusés ( présumés innocents, il faut le souligner), sur la liste des personnalités citées, se trouvent les acteurs du « miracle congolais » de 2018. L’un d’eux a assumé le fait de combattre par les armes pour ainsi asseoir la démocratie, selon lui. Pour les restes, on en est encore à se demander : pourquoi ? Mais pourquoi le destin peut être à ce point ironique ? L’autre équation est que si les accusations se confirment, la RDC va se retrouver dans un cas où la justice aura le dernier mot. Et c’est peut-être la plus grande inconnue, la plus difficile des équations. La justice aura sur elle le poids de présenter les faits et dire le droit, le vrai…

Patrick Ilunga

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