Editorial

Éditorial : Pour une dialectique nationale réussie : L’opposition se devait la réunion de Lubumbashi

La démocratie congolaise est en marche depuis quelques décennies et sa force tient du fait qu’elle s’alimente des crises politiques et parfois des situations chaotiques qui appellent l’intelligence des uns et des autres. Elle avance au travers de ses contradictions car elle est tout sauf un compromis entre les forces politiques qui avaient depuis longtemps mis en place une alternative à la démocratie, à savoir le partage équilibré et équitable du pouvoir.

Ces réunions qui ont abouti à des gouvernements d’union nationale ont été des moments certes de répit, mais pas des avancées démocratiques. Depuis le dernier cycle électoral de 2018 et face aux difficultés inhérents au processus électoral, la tentation est grande dans la classe politique de recourir à cette technique de la mise en place d’un consensus qui aboutirait à une transition et à une prolongation de ce mandat. Cette option peut sembler un peu tiré par les cheveux, mais elle est examinée de de deux côtés comme d’une possibilité.

Une deuxième réalité politique qui est devenue une évidence pour le monde de ceux qui observent la scène congolaise est le fait qu’aucune idéologie n’a pu s’imposer de manière à gagner à elle seule les élections. Même le plus populaire Patrice Emery Lumumba a du s’allier à d’autres pour avoir la majorité à l’Assemblée nationale. La Rd Congo est en fait une terre où se cultive l’humilité car aussi grand que soit un parti, il lui est impossible de gagner à lui même la majorité des sièges. De ce qui précède on peut comprendre que le salut du bon sens national est forcément dans l’équilibre entre les forces en présence.

C’est pourquoi depuis le début de cette législative il y a eu un grand déficit démocratique car nous avions des opposants et non une opposition. La différence est facilement compréhensible: des hommes se sont opposés dans leur histoire au régime actuel mais n’avait pas encore déployé une vraie dynamique qui serait un courant de propositions alternatives. Pendant des mois il y eu floraison des prises de paroles sentimentales avec des oukases sur la gestion sans que la mobilisation des forces sociales et politiques ne s’ébranle vers une politique collective.

C’est pourquoi les Observateurs de la scène politique congolaise ont bien apprécié la rencontre de Lubumbashi car elle procède de la construction de cette dialectique nécessaire au progrès démocratique. Pour une élection présidentielle à un seul tour, il est nécessaire aux opposants de construire une marche commune vers une offre concertée pour espérer être intelligible dans l’esprit des électeurs. Il leur a fallu se rencontrer pour réaliser le chemin périlleux qui les attend pour obtenir si possible une candidature unique pour faire face au leader de l’Union sacrée. C’est une étape décisive dans la formulation des stratégies démocratiques. On peut ainsi être certain que les choix du peuple ont bénéficié de la dialectique des débats et que le choix final serait passé par le filtre des meilleures offres.

Moise Katumbi, Martin fayulu, Matata Ponyo et Delly Sesanga ont fait le pas dans la bonne direction en allant vers ce Congo des possibilités qui ne peut être atteint que par une succession des concessions. Il est impérieux que l’opposition soit consciente du travail qui lui reste à réaliser pour se doter d’une offre collective suffisamment puissante pour faire face à une Union sacrée qui s’est déjà rangée derrière un homme. La faiblesse de l’Union sacrée est justement le fait qu elle a un bilan à défendre et dans un pays continent il est difficile d’avoir des lectures évidentes sur le bilan. L’opposition, sa force
étant la capacité de proposer des nouvelles offres en critiquant celles existantes. Mais sa faiblesse reste sa disparité et sa division tactique. Si Lubumbashi a produit quelque chose, c’est justement cette dynamique de la mise en commun et de la capacité de résorber les contradictions principales en laissant surnager celles secondaires.

Wak

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