Société

Education : Quel avenir pour ces enfants qui accompagnent de mendiants adultes ?

Ils sont nombreux. Les enfants qui, à longueur de journées parcourent des rues accompagnant des adultes aveugles ou estropiés pour mendier. Ces enfants sont avec ces professionnels de la main tendue tous les jours. Pour eux, l’école n’existe pas. Comment y parvenir avec le métier qui leur a été imposé. Certains sont devenus professionnels en techniques de mendicité, ils arborent parfois volontairement des airs tristes, des haillons et une voix suppliante pour gagner la compassion des passants. Ils sont visibles sur la place du Grand Marché, Boulevard du 30 Juin y compris dans des restaurants ou des bars qu’ils amènent leurs adultes pour mendier. L’air misérable qu’ils affichent, suscite de la compassion et les bons Samaritains n’hésitent pas à mettre la main à la poche.

Le destin de ces enfants est lié à celui de ces adultes handicapés qu’ils accompagnent et qui sont au soir de leur vie. La présence de ces enfants aux côtés de ces adultes semble remettre en cause l’existence des ONG œuvrant dans le secteur. Ce qui est inquiétant, pour ces enfants qu’au lieu de préparer leur avenir en allant à l’école, ils sont contraints d’apprendre la mendicité comme mode de vie. Cela me révolte que l’État et la société regardent et se taisent face à ce drame qui se passe sous nos yeux. J’ai rencontré Mercredi 11 mars 2020, sur le terrain certains de ces enfants, accompagnateurs d’adultes handicapés, et ce qu’ils m’ont raconté m’a laissé sans voix.

Selon le petit Aristote, lui accompagne sa « mère » paralytique, elle ne peut pas marcher. Celle-ci est assise même sur le sol. Je lui ai alors offert quelque chose et en ai profité pour me permettre d’engager un débat. Curieusement, malheureux Aristote me paraît très averti car il contourne à mes questions. Il croit sûrement que je suis en train d’enquêter au profit de la police ou d’une organisation de protection des enfants. Il affirme que cette femme estropiée est sa mère, ce qui me semble invraisemblable. Cet enfant a 12 ans. Il estime qu’il va aussi à l’école. Aristote est en cinquième année primaire. Il n’a pas du tout arrêté ses études pour la rue.

« C’est pour la journée d’aujourd’hui seulement que j’accompagne ma mère dans la rue pour avoir même de l’eau », m’a-t-il confié.

J’aperçois un peu plus loin un homme aveugle qui mendie auprès de personnes à bord des véhicules de transport en commun dans le boulevard du 30 juin en face de SONAS. Il est conduit par sa fillette qui s’appelle Deborah. Cette petite fille a 10 ans seulement. Elle n’a jamais foulé le sol d’aucune école. Son père se dit reconnaissant envers elle parce qu’elle l’accompagne tous les jours dans son boulot de mendiant. Mais le père n’hésite pas à émettre le vœu de voir sa fillette bien-aimée être scolarisée un jour.

Sans nul doute, il y a pour motivation de ces enfants soit un besoin d’argent soit un lien familial qui les unit à ces adultes handicapés. Dans tous les cas, en tant qu’enfants, ils ne sont pas juridiquement responsables de leurs actes. C’est une génération sacrifiée et sans avenir. Ces enfants méritent mieux que ce que le présent leur offre. L’État et la société sont coupables de les laisser dans ces conditions.

Héritier Lelo

 

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