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En marge des manifestations publiques : LA PRESSE ET LA POLICE POUR UNE COLLABORATION SAINE

A Matadi, Bukavu, Mbuji- Mayi, Goma et Kinshasa, l’UNESCO sensibilise sur les pratiques de la liberté d’expression et la liberté de presse face aux impératifs du maintien de l’ordre public en RDC. Dans le cadre de son programme d’action « Éducation aux médias et à l’information », mis en place depuis 2010, cette agence de l’ONU cherche à aider à créer une harmonie de travail entre la police et la presse, deux corps des métiers, appelés à collaborer. Dans la perspective des élections générales à venir, en RDC, cette de l’harmonie devient une urgence.

Mardi 13 juin, le salon Congo de l’hôtel Pullman a servi de cadre pour un atelier dont le thème était centré sur la liberté d’expression face aux impératifs du maintien de l’ordre public. L’atelier qui a mis face à face les professionnels de la presse et les officiers supérieurs de la police nationale congolaise était aussi une concertation sur les bonnes pratiques de couverture de l’information et de la protection des journalistes lors des manifestations publiques. Le forum s’est avéré un belle plateforme d’échange où les journalistes et les policiers ont exprimé, à tour de rôle, leur ressenti sur leur relation commune, souvent caractérisée par des conflits. Devant les représentants des membres du gouvernement (le ministre de la communication Patrick Muyaya était représenté), de la police de la Monusco, des représentants de l’inspection générale et provinciale de la police nationale, des structures de régulation et d’encadrement des journalistes ( UNPC, dont le président Gaby Kuna était présent), les professionnels des médias et des officiers ont tenté de comprendre le rôle de chacun dans la société.

Autant les journalistes ont clairement fustigé la propension de la police à malmener les professionnels des médias lors des manifestations publiques, autant les policiers ont fustigé le caractère entêté, intrépide et parfois provocateur, selon eux, des journalistes. En clair, de deux côtés, la méfiance est toujours de mise. Il y a pourtant quatre mois, des officiers de la police et des professionnels des médias avaient bénéficié d’une formation sur les bonnes pratiques qui peuvent permettre aux uns et aux autres de travailler en toute confiance. Aujourd’hui, ainsi que le constate l’UNESCO, « quatre mois après la formation de Kinshasa, les violons sont loin de s’accorder entre les deux parties ». La marche de l’opposition du 20 mai, violemment réprimée par la police, avec des allégations de violences infligées aux journalistes a donné lieu à des divergences d’analyse et d’interprétation sur le comportement des uns et des autres et a mis en lumière l’insuffisance ou l’absence de collaboration entre la presse et la police nationale congolaise, fait remarquer l’UNESCO.

Le constat fait suffit à lui-même pour convaincre les deux parties qu’il y a encore du chemin à faire avant de parvenir à une entente parfaite entre deux métiers qui ont encore en réflexe une grande méfiance, l’un de l’autre. L’atelier de mardi a permis des échanges ouverts pour essayer d’améliorer la disponibilité ainsi que les engagements des uns et des autres à agir efficacement dans une logique de la protection des journalistes par la police et du respect par les journalistes des dispositions mises en place par la police en matière de maintien de l’ordre public lors des manifestations.

Dans cette quête d’une entente, l’UNESCO propose d’apporter un appui technique et financier par la tenue prochaine d’une table ronde pour poursuivre les efforts afin de parvenir à une harmonie dans l’exercice de leurs métiers respectifs. Cette activité inscrite dans le cadre de la poursuite du programme de formation des forces de la police nationale Congolaise et des journalistes Congolais, sera suivie également par l’ONG Journaliste en Danger, l’Union Nationale de la presse du Congo, la confédération des radios communautaires du Congo et la police nationale Congolaise de la ville de Kinshasa.

L’UNESCO a déjà entamé la réflexion pour la confection d’un protocole d’accord entre la police et les journalistes à finaliser et à présenter aux deux parties dans les prochains jours. Le protocole d’accord en gestation devrait servir de référence pour promouvoir les bonnes pratiques entre la presse et la police. Ce document devrait, une fois prêt, être également un outil pédagogique pour les journalistes et les policiers en formation. Le protocole d’accord devrait permettre aussi de fournir les éléments de base afin de mener des enquêtes sur des éventuels dérapages lors des manifestations publiques.

Patrick Ilunga

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