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Est de la RDC : Le mirage SADC ?

La Namibie n’enverra pas de troupes en RDC dans le cadre de la force de la SADC. C’est le président Namibien qui l’a dit à ses compatriotes alors qu’il tenait le discours sur l’état de la nation. Selon le président Hage Geingob (Président Namibien), son pays n’a pas les moyens qu’il faut pour cette mission. Il a affirmé néanmoins que son gouvernement pourrait soutenir financièrement la mission de la SADC en RDC dans la mesure du possible.

Six mois après que la SADC a décidé de déployer ses troupes à l’Est de la RDC (depuis le début du mois de mai 2023) et près de deux semaines après la signature du protocole d’accord pour le déploiement effectif des unités combattantes sur le théâtre de la guerre, des incertitudes entourent toujours le déploiement de la force de la SADC au Congo.

A Kinshasa, les autorités affichent leur optimisme. »Les discussions sur le déploiement des troupes de la SADC ont atteint leur phase de finalisation », affirmait le président Félix Tshisekedi lors de la dernière réunion du conseil des ministres. Il y a pratiquement deux semaines, le Vice-premier ministre en charge des affaires étrangères Christophe Lutundula déclarait, lors de la signature du protocole d’accord avec la SADC que le document signé concrétisait « l’engagement de la SADC à déployer sa force dans l’Est de la RDC et définissait l’objectif de sa mission au Congo ».

Début novembre en Angola, devant les chefs d’État de la région d’Afrique australe, dans une réunion spéciale convoquée par le président Angolais, également président de la SADC et médiateur dans la crise Congolaise, João Lourenço, le président Félix Tshisekedi avait insisté auprès de la SADC pour qu’elle déploie des troupes, au moins pour mettre en déroute le M23, considéré comme un groupe terroriste. La SADC s’était engagée à envoyer 500 soldats, mais n’avait donné aucune indication sur la date du déploiement effectif.
Ce flou semble perdurer. Comme si la SADC avançait d’un pas et reculait de deux autres. Parlant à ses compatriotes, le président Hage Geingob a semblé infliger un désaveu à la politique sécuritaire de la RDC. Le chef de l’État a eu ces mots : « La RDC est en train de changer de partenaires ; l’Afrique de l’Est a été priée de partir et la SADC est censée entrer en scène. J’ai dit que nous n’allions pas envoyer de troupes ; nous n’en avons pas les moyens. Mais l’Afrique du Sud et les autres pays ont accepté d’envoyer des troupes ». Et d’ajouter : « Ceux qui vont fournir des troupes sont prêts à le faire, mais nous nous engageons à les soutenir financièrement dans la mesure de nos possibilités ».
En tant que président de la troïka de la SADC, le chef de l’État Namibien a déclaré avoir eu des consultations avec le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, sur la situation dans l’Est de la RDC.

La réalité est que dans les organisations régionales et internationales, personne ou presque ne croit à l’option de la force pour parvenir à la paix en RDC. Quasiment tous les leaders en Afrique Australe, en Afrique de l’Est, dans les organisations continentales et même à l’organisation des Nations Unies, ont poussé et poussent encore la RDC à dialoguer. Il y a à peine dix jours, la Maison Blanche a déclaré son soutien aux processus de Luanda et de Nairobi. Dans une zone aussi fragile que sont Les Grands Lacs africains, un engagement militaire est redouté. Antonio Guterres et son envoyé spécial dans les Grands Lacs Huang Xia ont alerté, il y a quelques jours, sur le risque de « confrontation directe » entre la RDC et le Rwanda.

Kigali qui s’est donné le beau rôle de grand intervenant dans les zones instables pour y apporter la paix ( Mozambique, Centrafrique et des missions onusiennes de maintien de paix) est d’autant moins bousculable, que ses autorités ont toujours agité le spectre du génocide dans la région contre une minorité, selon elles. A présent, le même Rwanda et le M 23 communiquent à l’envi sur un autre génocide en RDC, selon eux. Ils s’efforcent donc à légitimer leur lutte, poussant ceux qui veulent soutenir la RDC à la réticence.

A Kinshasa, les autorités jouent le tout pour le tout afin de s’attacher les services des troupes de la SADC comme cela était le cas en 1998. Selon le vice-Premier ministre Christophe Lutundula, « le gouvernement congolais s’engage à fournir à cette force(de la SADC) les facilités diplomatiques nécessaires à ce type d’intervention ».

Début novembre, lorsqu’ils se sont rencontrés à Luanda, les chefs d’État des pays membres de la SADC sont restés presqu’évasifs, se contentant de donner
“des orientations stratégiques” sur le déploiement de la Mission de la SADC en République démocratique du Congo.

A une semaine de l’expiration du mandat de la force régionale d’Afrique de l’Est, et à quelques jours du début du retrait de la Monusco, le déploiement de la force de la SADC, censée prendre le relais, reste encore un vœu couché sur un papier.

Patrick Ilunga

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