La République Démocratique du Congo (RDC), appelée à juste titre par le commun des mortels » scandale géologique », connait depuis plusieurs décennies des guerres récurrentes qui ont toutes comme principale mobile, l’exploitation des ressources naturelles avec le cohorte de malheurs dont les tueries des masses, la destruction de l’environnement et du tissu économique de la partie Est du pays. Selon des nombreux rapports d’enquête des experts des Nations-Unies et ONG de défense des droits de l’homme, plus de 6 millions de personnes sont mortes depuis le déclenchement de la deuxième guerre du Congo en 1998. Il s’agit donc, selon eux, d’un génocide oublié. A ce propos, quelles sont les ressources qui sont à la base de cette énième guerre ? Qui la finance et pour quel intérêt ? A qui profite le chaos au Congo ? Invitée du magazine » Horizon des Ressources Naturelles » diffusé sur les antennes de la Radio-télévision nationale congolaise (RTNC), M. Raphaël Ngoyi Mushiya, Ingénieur de formation, mandataire en mines et carrières, ancien de la Gécamines SA et de First Quantum Minerals (FQM), lui qui était récemment dans la forte délégation de la Congolaise d’exploitation minière (COMMINIERE SA) pour défendre la para-publique à Paris dans un dossier l’opposant à MMCS1, n’a pas mâché des mots pour donner des réponses à ces questions et surtout, les clefs pour comprendre et éradiquer le chaos. Une communication riche en enseignements et renseignements.
Avant cet exercice, l’ingénieur Raphaël Ngoyi a d’abord rappelé le contexte dans lequel le Congo de nos ancêtres a évolué depuis la Conférence de Berlin de 1885 jusqu’à nos jours, 137 ans dont 60 ans d’indépendance, 50 ans de débâcle et 30 ans de déconstruction durant lesquels le pays de Lumumba n’a appris à marcher qu’avec un seul pied. En ce qui concerne la balance commerciale par exemple, notre expert a révélé que l’exploitation de l’hévéa (1896-1901) représentait 78% du Produit intérieur brut (P.I.B.), celle des produits agricoles et miniers (1909-1948) représentait respectivement 58% et 42%, celle des produits miniers (1970) représentait 81% et enfin, celle des produits miniers marchands (Depuis 2019) représente 99,99%.
L’on voit bien que dans le cheminement économique du pays, l’on voit bien que le Congo était d’abord un pays à vocation agricole pour passer petit à petit à l’économie minière avec l’effondrement de des activités agricoles, soubassement de toute économie. Situation qui a créé son affaiblissement, sa vulnérabilité. A en croire notre source, la décennie 1990 marque en fait la matérialisation de la déconstruction du pays à travers la mise à mort de la voie nationale (SNCC, ONATRA, SNEL…) avec comme corollaire, la chute de la production minière principalement le cuivre. La chute drastique du P.I.B., par exemple, approximativement de 800 USD en 1989 à près de 300 USD par tête d’habitant en 2002, avec la chute similaire de la production du cuivre. Moins on a produit le cuivre, de moins en moins le P.I.B. chutant petit à petit. La décennie 90 est donc la plus sombre de l’histoire économique de la RDC. Mais comment en est-on arrivé là ?
L’éboulement de la mine de Kamoto qui a accéléré à son tour l’effondrement de toute une économie, précédé par la zaïrianisation, les deux pillages de triste mémoire des années 90, occasionnant la perte de plus de 100.000 emplois directs formels, des pertes de 1,3 milliards USD infligées aux sociétés, la fabrication de la fausse monnaie (Affaire Naim Khanafer et Ahmed Abdoul Karim de la société Egimex), l’inflation monétaire de 8.827, 6% en 1993 et 6029% en 1994. Cette liste n’est pas exhaustive. Voilà, selon l’ingénieur Ngoyi Mushiya, ce qui a constitué le lit de ce débâcle économique, parce que l’État n’ayant plus de moyens pour financer la défense nationale, l’éducation, la santé, l’agriculture, pour ne citer que ces secteurs. Le pays n’était resté qu’avec des hommes de troupes bien formés, affamés et avec des équipements vétustes non renouvelés. Une fiction où our le monde essayait de vivre au depns des autres.
Pourquoi alors la guerre à l’Est ? » Celle-ci tire son origine des contraintes géographiques et démographiques », a déclaré notre expert Ngoyi Mushiya sans aller pas le dos de la cuillère. Citant les projections de » C.I.A. Fact book 2021-2022 », la RDC avec 2.344. 858 Km² aura 101, 2 millions d’âmes en 2100. Tandis que le Rwanda avec 26.338 Km², l’Ouganda avec 241.038 Km² et le Burundi avec 27.830 Km² auront respectivement pour la même période 12, 7 millions, 43,3 millions et 11, 9 millions d’âmes. Trois pays les plus peuplés actuellement et avec une forte explosion démographique sans ressources suffisantes, ni espaces.
Si on ajoutait les 6 autres voisins, Kinshasa a 10.481 Km de frontière à sécuriser dont 1.334 Km du Rwanda, Burundi et Ouganda, soit 12%.
En 2100, selon les projections des américains, la RDC aura 392 millions d’habitants avec une densité de 167 habitants au Km² ; le Rwanda et le Burundi, futures bombes demographiques, mis en ensemble, 86 millions d’habitants avec une densité de 1500 habitants au Km² et l’Ouganda aura 137 millions d’habitants avec une densité de 586 habitants au Km².
» Ces deux pays (Rwanda et Burundi) qui fonctionnent en vase communicant, ont besoin urgent des exutoires à cette pression démographique. RDC, pays-passoire ? Sans identité ? Vous comprenez maintenant pourquoi Kinshasa veut identifier les congolais et surtout, leur donner des cartes d’identité d’ici juin 2023. Il faut anticiper, car gouverner, c’est prévoir. Le Rwanda étant un pays de mille collines avec moins d’espaces, il y sera difficile d’y vivre et d’y survivre dans 100 ans. Plus la population sera nombreuse, plus il sera difficile de la nourrir. N’importe quel artifice peut justifier l’accaparement des terres de leur part », a ajouté l’ingénieur Raphaël Ngoyi.
Mais pourquoi ? » Parce que l’Est du Congo est riche en terres arrables, coltan, or, étain, tungstène, fer, pétrole et gaz méthane. Et la nature ayant horreur du vide, d’où la guerre d’occupation. », a-t-il renchéri. Avant de marteler : » La réalité de notre drame au Congo, c’est l’or. Il relève de notre turtiputides ». Voilà pourquoi le président Tshisekedi est allé couper les vivres à Kigali aux Émirats arabes unis, une véritable clef boa. La raison ? » Le Rwanda fait du siphonage des ressources naturelles de la RDC ». Telle a été sa réponse.
Et la solution à la crise ? » Il faut savoir que 2773 sites d’exploitation artisanale dont 106 sont répertoriés en dehors des zones des troubles. Il faut chercher à les contrôler et on mettra fin à la guerre. Car, 16.840 kilos d’or ont été déclarés à l’État (Source : CTCPM) avant 2019. Mais, depuis le déclenchement de cette énième guerre, rien. Les cargaisons partent ailleurs. Doit-on suspendre l’exploitation artisanale de l’or ? Je ne pense pas. Il faut plutôt verrouiller les voies de sortie frauduleuse, traiter directement avec les acheteurs qui sont aux Emirats Arabes Unis afin de priver de l’oxygène au Rwanda et l’Ouganda en empêchant la sortie de l’or illégalement du pays. La Banque centrale du Congo (BCC) doit reprendre l’achat de l’or artisanal aussi pour soutenir cette stratégie nationale de défense de la patrie ». Avec l’espoir que ces sages conseils ne sont pas tombés dans les oreilles des sourds.
Dieudonné Buanali