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Guerre à l’Est de la RDC : Washington confirme la présence de l’armée Rwandaise au Congo

Les États-Unis multiplient les accusations contre le Rwanda pour son implication dans le conflit dans l’est de la République démocratique du Congo, alors qu’une force régionale destinée à ramener la paix a reçu l’autorisation de puiser dans un fonds pour la paix de l’Union africaine.

Cette semaine, l’Union africaine a approuvé une proposition visant à ce que les Forces régionales de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EACRF) reçoivent un soutien financier de l’UA visant à rationaliser les opérations.

Dans le même temps, les États-Unis ont accusé le Rwanda de déployer des troupes en RDC. Washington avait déjà tancé le Rwanda pour rôle de Kigali dans la violence dans le vaste pays voisin.
Un communiqué publié mercredi a indiqué que Washington demandait à Kigali d’adhérer aux initiatives de paix régionales.

« Nous réitérons notre appel au Rwanda pour qu’il cesse de soutenir le groupe armé M23 et retire ses troupes de la RDC pour faciliter la mise en œuvre de ces engagements conformément au calendrier approuvé lors du mini-sommet de l’EAC du 17 février », a déclaré le Département d’État.

La faute à Kigali

C’est la première fois que les États-Unis accusent Kigali d’avoir impliqué leur armée en RDC. Auparavant, Washington s’était rangé du côté de Kinshasa pour accuser le Rwanda de soutenir les rebelles du M23 qui ont pris les armes en raison d’une prétendue marginalisation au Congo.

Washington a déclaré qu’il approuvait une décision de la récente réunion du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, qui a demandé à tous les groupes armés étrangers de quitter la RDC et à tous les rebelles de se retirer des positions occupées.

Devant toutes évidences, Kigali a toujours nié son implication dans la guerre en RDC. Lors du dernier sommet de l’Union Africaine, les États-Unis ont envoyé la secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, et l’envoyé spécial pour le sommet États-Unis-Afrique, Johnnie Carson. Molly Phee a rencontré séparément João Lourenço de l’Angola, Félix Tshisekedi de la RDC, Paul Kagame, William Ruto du Kenya et le ministre ougandais des Affaires étrangères Jeje Odongo.

Lors de chaque réunion, le secrétaire adjoint Phee a discuté avec les dirigeants régionaux de leur engagement commun à parvenir à la paix et à la stabilité dans l’est de la RDC et du besoin urgent de relancer les processus de paix.

La décision de l’UA de fournir une fenêtre de financement pour la force régionale d’Afrique de l’Est est intervenue alors que Kinshasa cherche un plan B sur le combat réel contre les rebelles. Lors de sa réunion, le Conseil de paix et de sécurité de l’UA a approuvé une proposition « en particulier la revitalisation de l’accord-cadre et l’utilisation du Fonds pour la paix de l’UA pour soutenir le déploiement et les opérations de la Force régionale de l’EAC ».

Renégocier l’accord

Cela signifie que l’EAC peut renégocier l’accord avec Kinshasa pour prolonger le séjour des forces en RDC, censé durer initialement six mois, car il tire des fonds de l’organisme continental.

L’UA a autorisé le déploiement complet de la force régionale, tel qu’approuvé par les chefs d’État de l’EAC. Mais cela n’a pas été clairement précisé si la mission pouvait entrer en plein combat comme l’exigeait Kinshasa, d’autant plus que le Fonds pour la paix de l’UA se concentre sur la médiation et la diplomatie préventive, un programme lancé en 2017 pour soutenir également la reconstruction des institutions dans les lieux de conflit.

Le fonds collecte ses fonds à partir d’un prélèvement de 0,2% que les membres paient, calculé en pourcentage des droits d’importation. Il dispose d’une cagnotte de 400 millions de dollars, permettant « à l’UA de financer entièrement les activités de médiation et de diplomatie préventive, la préparation et la capacité institutionnelles, de maintenir une réserve de crise et de respecter son engagement de financer 25% de son budget des opérations de paix.

Forces négatives

Lorsque la force régionale a été acceptée pour la première fois par Kinshasa, l’accord formatif de déploiement, connu sous le nom d’Accord sur le statut des forces (SOFA), prévoyait un déploiement dans les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu pour contenir et, le cas échéant, combattre les forces négatives et promouvoir la paix, la stabilité et le développement dans la grande région de l’Afrique de l’Est.

Il est également mandaté pour planifier et mener conjointement des opérations avec les FARDC et soutenir le processus du Programme de désarmement, démobilisation, réintégration communautaire et stabilisation (P-DDRCS), un ancien programme approuvé par l’ONU.

Cette semaine, la force régionale a demandé un renouvellement de son SOFA, qui expire ce mois-ci. L’instrument juridique, qui énonce son mandat dans l’est de la RDC, a été signé le 8 septembre 2022 par le secrétaire général de l’EAC Pater Mathuki et Christophe Lutundula, vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères pour guider la conduite, le mandat et les privilèges de la force ainsi que le soutien et la facilitation par le pays hôte.

Pour le moment, seules les forces de défense du Kenya sont déployées au Nord-Kivu. Les forces burundaises sont, elles, déployées au Sud – Kivu et semblent se concentrer sur les groupes armés d’origine burundaises qui se cachent au Sud – Kivu.
Cette semaine, Kinshasa a annoncé sa volonté de réactiver la Coopération militaire avec les pays de la SADC pour. Le général-major Chico Tshitambwe, chef d’état-major adjoint des FARDC chargé des opérations, l’a annoncé le 21 février après sa tournée dans les pays d’Afrique australe.

« Nos partenaires de la SADC sont de tout cœur avec nous. Nous verrons jusqu’où nous pouvons progresser sur le front de la défense », a-t-il déclaré.

Bien qu’il ne l’ait pas dit, le choix de la SADC serait né des frustrations de ne pas avoir la force régionale d’Afrique de l’Est combattre face au M23. Le gouvernement congolais n’a pas encore dit s’il mettrait fin à la coopération militaire avec la force régionale d’Afrique de l’Est.

Patrick Ilunga

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