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La question de la RDC s’invite à un débat : Ce que Kagame a dit au Bénin

Dans une conférence de presse organisée à l’occasion de la fin de sa visite officielle au Bénin, Paul Kagame, président Rwandais a largement parlé de la RDC, de la région des Grands Lacs et de ses problèmes liés à la sécurité. L’homme d’État Rwandais a fait sa lecture de la crise dans la région. Devant le président Béninois, Kagame déplore la persistance de l’escalade dans la région et selon lui, « le problème du Congo, le problème de la région ou encore le problème du Rwanda n’est pas le M23. Le M23 est la résultante des plusieurs autres problèmes qui n’ont pas été résolus depuis des décennies. Le problème du M23 existait même avant que Tshisekedi ne devienne président. Cela remonte même à 2012 ».

Pour lui, « en ce qui concerne le M23 et toutes les personnes liées au M23, les congolais qui ont bénéficié de l’héritage rwandais, les frontières qui ont été construites durant la période coloniale ont affecté et divisé nos peuples. Une partie du Rwanda qui a été donnée au Congo, le sud à l’Ouganda, etc. Nous avons une coopération qui existe déjà dans ces zones. Il y a déjà des liens qui existent entre les peuples. C’est évident. Vous pouvez remonter dans l’histoire ».

Visiblement, l’homme explore sur autre terrain. Il veut avancer d’autres arguments pour essayer de légitimer un nouveau projet. Au Congo, plusieurs acteurs politiques et intellectuels ont toujours dénoncé un plan de balkanisation qui se trame dans des laboratoires contre la RDC. Les autorités Rwandaises semblent vouloir orienter, à visage découvert, le débat sur la question des frontières qui pourrait faire dégénérer la crise dans la région. Pourtant, il y a juste quelques semaines, le chef de l’État Rwandais croyait que le problème dans la région c’est l’existence en RDC des forces hostiles au Rwanda, qui menaceraient la paix à Kigali et ailleurs. Il y a encore quelques semaines, Kagame arguait que le problème de l’insécurité en RDC c’est l’existence des Congolais Rwandophones qui seraient victimes de discrimination au Congo.

C’est cela que les autorités congolaises qualifient de « revendications fallacieuses » des officiels Rwandais pour « justifier leur agression ». Alors que la quasi-totalité des rapports internationaux, par ailleurs, neutres, ont pointé du doigt le soutien du Rwanda au M 23, Kagame impute le blocage dans la recherche de la paix aux autorités Congolaises. « Il faut trouver la solution à cette crise. Aujourd’hui, nous avons le processus de Nairobi et celui de Luanda qui ont mis tout en œuvre pour résoudre cette question, mais je pense qu’ils sont en train de chercher une solution. Les démarches entreprises ont essayé, mais apparemment la RDC ne veut pas que la question soit résolue. C’est quand même ironique ». « Aujourd’hui, nous ne pouvons continuer à nous plaindre du problème éternellement alors que nous connaissons là où il y a le nœud. C’est comme si nous même nous ne souhaitons pas trouver la solution. On tourne autour du pot, malheureusement », a-t-il ajouté.

Pourtant, les recommandations des processus de Luanda et de Nairobi recommandent « un cessez-le-feu immédiat et les retraits par des rebelles des zones conquises ». Non seulement que ces recommandations n’ont jamais été appliquées, mais aussi, les rebelles continuent à bénéficier du soutien Rwandais, selon les autorités Congolaises.

Kagame déclare que les problèmes de la région ont existé depuis de décennies et qu’ils sont plus vieux que lui ou le président Tshisekedi. « En 2012, nous n’avons pas bien géré la question et aujourd’hui, 11 ans après, le problème existe toujours. Tous les pays africains ont été impliqués dans la résolution de cette question mais personne n’a pu réussir quoi que ce soit », a-t-il dit.

Cette fois encore, plusieurs pays africains sont impliqués pour la recherche de la paix en RDC. A ces nations, le Rwanda de Kagame semble vouloir faire passer un nouveau message, les revendications foncières. Il y a peu, le ministre Rwandais des Affaires Étrangères Vincent Biruta avait publiquement évoqué cette question.
Jean Damascène Bizimana, ministre rwandais de l’Unité Nationale et de l’Engagement Civique, est revenu sur cette question au Sénégal lors de la conférence organisée à l’occasion de la journée nationale des héros du Rwanda. « Le Rwanda a été diminué. Le problème que nous subissons actuellement avec des accusations infondées contre le Rwanda tirent leurs sources du dérapage de la conférence de Berlin », expliquait-il. La question a également été évoquée au Sénat Rwandais.

Patrick Ilunga

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