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Levée du moratoire sur la peine de mort : le Mouvement Abolitionniste très inquiet

La perspective de la levée du moratoire sur la peine de mort en République démocratique du Congo suscite des réactions. Dans un communiqué de presse, le Mouvement Abolitionniste international est vent debout contre cette éventualité. Plus de 30 organisations, membres du Mouvement Abolitionniste international, fustigent une telle perspective. Elles redoutent de fâcheuses conséquences que pourraient engendrer un tel choix. Dans leur communiqué conjoint, ces organisations disent avoir suivi « avec stupeur et consternation » la demande adressée au président Félix Tshisekedi à l’issue de la réunion de défense qui s’est tenue autour du président de la république en rapport avec l’évolution de la guerre au Nord-Kivu entre l’armée Congolaise et le M23, appuyé par l’armée Rwandaise.

Lundi 5 février, le président de la république a réuni autour de lui le Conseil supérieur de la défense en vue de prendre des mesures adéquates alors que les plans ennemis distillaient déjà la peur et la panique autour de Goma. Dans cette réunion qui a réuni le Vice-premier ministre en charge de l’intérieur et sécurité Peter Kazadi ; le Vice-premier ministre en charge de la défense Jean-Pierre Bemba ; le Vice-premier ministre en charge des affaires étrangères Christophe Lutundula ; des généraux entre autres, la question autour d’une levée éventuelle du moratoire sur la peine de mort a été abordée. Le Conseil supérieur de la défense a « demandé au chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, de lever le moratoire sur la peine de mort en ce qui concerne les questions de trahison au sein des forces de défense et de sécurité », avait indiqué Jean-Pierre Bemba en faisant le compte rendu de la réunion sécuritaire.

Les organisations signataires du communiqué dénoncent les conséquences dramatiques d’une reprise des exécutions, dans l’hypothèse où cette proposition venait à être appliquée.

Les organisations signataires rappellent que l’application de la peine de mort « n’aura aucun effet sur le terrain en dehors de nourrir des idées fausses et dangereuses selon lesquelles la peine de mort pourrait contribuer à mettre fin à la guerre et aux atrocités à l’Est de la RDC ».

Pour le Mouvement Abolitionniste international, l’éventualité de la levée du moratoire sur la peine de mort « marquerait un retour en arrière des plus regrettables au regard des efforts positifs réalisés par les autorités congolaises en vue de l’abolition de la peine de mort depuis l’instauration du moratoire en 2003 ».

« La justice ainsi que le rétablissement de l’État de droit sont des piliers essentiels pour lutter contre les cas d’impunité », rappellent les signataires du communiqué. A ce stade, bien qu’il ne s’agisse que d’une proposition faite au président de la république, spécifiquement en ce qui concerne « les questions de trahison au sein des forces de défense et de sécurité », le Mouvement Abolitionniste international indique que « la lutte contre l’impunité face aux différents épisodes d’instabilité à l’Est demeure le principal argument des autorités. Le Président de la République vient d’être réélu pour un second mandat alors que le pays est en proie à une forte insécurité et instabilité. Nous, les signataires, appelons à la non-instrumentalisation de la peine de mort par des exécutions destinées à instaurer un climat répressif dans ce nouveau mandat ».

Le Mouvement Abolitionniste international en appelle « à la sagesse du magistrat suprême », rappelant au passage que la levée du moratoire
« viendrait également en contradiction avec la tendance actuelle que connaît le continent africain. En 2023, 27 Etats africains avaient aboli la peine de mort en droit. En Afrique centrale, seuls le Cameroun et la RDC n’ont pas encore franchi ce cap ».

Patrick Ilunga

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