C’est la fin d’une très longue exception congolaise. 64 ans après l’indépendance, une femme fait son entrée à la primature. À 19 h 00′, lundi 01 avril 2024, par un court communiqué lu depuis le palais présidentiel et diffusé en direct sur les antennes de la Radio Télévision Nationale Congolaise, Félix Tshisekedi a nommé la ministre d’État en charge du plan sortant Judith Suminwa Tuluka deux mois et huit jours après son investiture, remplaçant Jean-Michel Sama Lukonde. « Cet acte vient conforter la masculinité positive que prône le président Félix Tshisekedi », a affirmé le compte X de la présidence de la république. Il faut souligner que cette nomination paraît comme une flamme placée au-dessus des immondices pour favoriser l’émergence de la féminité dans le pays.
Un mois et onze jours après la démission de son prédécesseur et de tout son gouvernement Sama 2, ce choix n’est pas une grande surprise, car la ministre d’Etat en charge du Plan était, depuis quelques semaines, citée et considérée comme l’une des favorites pour devenir la première ministre en RDC. Si Judith Suminwa devient Première ministre, c’est parce qu’elle « coche à peu près toutes les cases » imposées par FélixTshisekedi. Loyale, efficace et rigoureuse « à la Etienne Tshisekedi », appréciée de l’UDPS, elle a rassuré le chef de l’État, alors que le quinquennat qui a démarré depuis le 24 janvier dernier s’annonce crucial pour la guerre à l’Est et l’avenir social et économique du pays.
Devenue cheffe du gouvernement trois jours après le dépôt du rapport de l’informateur auprès du Chef de l’Etat, Judith Suminwa devra faire face à des nuages toxiques qui bloqueraient le rayonnement de son action. Si elle resiste à ces nuages toxiques, son passage sera une réussite à la primature. Patronne du gouvernement, elle devra, à ce titre, former son équipe, intensifier la diversification économique et favoriser la création d’emplois voulue par Félix Tshisekedi et renforcer l’efficacité des services publics mais aussi surtout assurer avec plus d’efficacité la sécurité des congolais, le tout dans un climat social explosif. Autant de défis pour celle qui a une expertise avérée dans la gestion des institutions publiques. Un profil technique qu’affectionne Félix Tshisekedi.
Une capacité à conduire des grands projets
Son nom était régulièrement cité quelques semaines après la nomination de l’informateur du Chef de l’Etat dont la principale mission était d’identifier la majorité parlementaire en vue de nommer le formateur du gouvernement. Le président avait précisé vouloir un Premier ministre qui serait une femme. « Elle a la culture de l’État, du territoire et de l’entreprise » et a démontré « sa capacité à conduire des grands projets de développement », a souligné un expert des questions de bonne gouvernance qui a requis l’anonymat. « Le développement intégral du pays est au cœur de son engagement » et c’est « une femme de gauche avec un engagement social, notamment pour la jeunesse et les femmes ».
Une expertise avérée en économie
Peu connue, Judith Tuluka Suminwa est née le 19 octobre 1967 et est originaire de la province du Kongo-Central, à l’extrême ouest du pays. À ce titre, il s’agit de la première personnalité venant de cette région à occuper un tel poste. La nouvelle cheffe du gouvernement possède une formation d’économiste et est titulaire d’une maîtrise en économie appliquée, de l’Université libre de Bruxelles (ULB). Après un passage dans le secteur bancaire, elle travaille pour le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud). Elle commence ensuite sa vie politique comme coordinatrice adjointe du Conseil présidentiel de la veille stratégique (CPVS) à la présidence de la république.
Sa carrière politique a pris un nouveau tournant en avril 2023, lorsqu’elle est nommée ministre du plan au sein du gouvernement Lukonde II, avec rang de ministre d’État, un titre surtout honorifique. À ce poste, Judith Tuluka Suminwa est chargée d’organiser le développement économique et social du pays. Elle a donc pilotée un grand projet de développement initié par le président de la république dont le Programme de Développement Local des 145 Territoires (PDL 145 T).
La Première Ministre ainsi nommée, la formation du gouvernement devrait désormais intervenir dans les « jours qui viennent », a-t-on indiqué dans l’entourage du président.
Djodjo Mulamba
