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Rapport de l’IGF et réaction de Pékin : La renégociation du contrat du siècle s’impose – Regard des experts

Alors que l’Inspection Générale des Finances (IGF) pointe le « _non-respect_ » par les entreprises chinoises de leurs engagements dans le volet infrastructures, Pékin dénonce un rapport « _plein de préjugés et qui ne correspond pas à la réalité_ ». Le vendredi 17 février dernier, le gouvernement chinois a donc rejeté en bloc le contenu du rapport publié par l’IGF qui fait état d’un « _grand déséquilibre_ » dans le méga-contrat « _ressources naturelles contre infrastructures_ » signé avec un groupement des entreprises chinoises en 2008 par l’administration de l’ancien président Joseph Kabila.

« _Nous avons appris avec stupéfaction la publication d’un rapport sur le contrat chinois par l’Inspection générale des finances de la République démocratique du Congo. Nous avons le regret de constater que le rapport, dont le contenu est plein de préjugés, ne correspond pas à la réalité, ne peut pas être considéré comme crédible et n’a pas de valeur constructive_ », a souligné l’ambassade de Chine en RDC dans un communiqué publié sur son compte Twitter. De l’avis des experts en économie, ce commentaire du porte-parole de l’ambassade chinoise n’arrange pas les choses, car il est essentiel que toutes les parties prenantes se retrouvent autour d’une table pour rechercher et trouver une solution adéquate.

Toutefois, la demande de l’IGF a été suggéré par l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE) de manière assez claire. « _Il est évident que ce contrat est le fruit d’une mafia dont nous congolais sommes amplement responsables et également la partie chinoise_ », regrette l’économiste Al Kitenge avant de de souligner qu’il faut le plus vite possible étudier non seulement le dossier mais aussi identifier la responsabilité des uns et des autres, voir punir les gens pour que personne ne recommence ce genre des choses, car « _nous avons quand-même une responsabilité vis-à-vis des générations à venir_ », a-t-il appuyé. Pour lui, il est important qu’on dise toute la vérité et qu’on renégocie le cadre de ce contrat dans son exécution et dans sa conception. Mais il faut également avoir le courage et la politesse nécessaire de résoudre le problème plutôt que d’en créer d’autres.

Dans cette situation, il n’y a pas deux exercices à faire mais un seul à faire. Il s’agit de mettre en place un box et être en mesure de rendre compte des engagements qui ont été fait et ceux qui n’ont pas été fait. Il est évident aujourd’hui que l’ensemble des choses qui constituait les différents engagements de part et d’autre n’ont pas été respecté et que par contre l’exploitation minière a bénéficié d’un certain nombre des choses qui sont simplement honteuses.
Dans ce contrat du siècle, la RDC est absolument perdante. « _Il y a des individus congolais qui ont fermé les yeux sur ce qui s’est passé pendant autant d’année. C’est une honte mais il faut être en mesure de le révéler et assumer les responsabilités des uns et des autres. Il faut qu’on fasse le maximum de bruit possible pour que personne ne recommence la même chose dans le même secteur et dans d’autres_ », soutient Al Kitenge.

Rapport IGF

Dans son rapport rendu public le jeudi 16 février, l’IGF avait exigé 17 milliards de dollars d’investissements supplémentaires dans les infrastructures dans le cadre de cet accord en vertu duquel les groupes chinois Sinohydro Corporation et China Railway Engineering Corporation ont accepté de construire des infrastructures (routes, ponts, hôpitaux, fourniture de l’eau potable, etc.) en échange d’une participation de 68 % dans la Société sino-congolaise des mines (Sicomines), une coentreprise spécialisée dans l’exploitation du cuivre et du cobalt avec la société minière publique congolaise Gécamines.

Dans le cadre de ce deal, baptisé « le contrat du siècle » au moment de sa signature, les investisseurs chinois se sont engagés à consacrer 3 milliards de dollars à des projets d’infrastructure, mais l’IGF a demandé que cet engagement soit porté à 20 milliards de dollars, afin de refléter la valeur réelle des concessions minières que la Gécamines a apportées à l’accord.
L’institution a révélé dans ce rapport que Sicomines n’a jusqu’ici investi que 822 millions de dollars dans les infrastructures alors que les entreprises chinoises ont déjà engrangé 10 milliards de dollars. « _Les entreprises chinoises ont déjà encaissé un gain évalué à près de 10 milliards de dollars américains, tandis que la République démocratique du Congo n’a bénéficié que de 822 millions de dollars en termes d’infrastructures_ », a souligné l’Inspection.

« Le déséquilibre criant qui a été constaté, le bradage, la dilapidation de nos minerais constatés dans ce contrat a été également l’œuvre de fils égarés de notre pays, qui ont accompagné les entreprises chinoises dans cette œuvre macabre contre notre pays », a-t-elle ajouté, tout en demandant un investissement « _immédiat_ » d’un milliard de dollars par la Sicomines, et un engagement à ce que la main-d’œuvre des projets d’infrastructures soit congolaise à 50 %.
L’IGF a également appelé le gouvernement congolais à « _renégocier le contrat minier afin d’ajuster et d’équilibrer les devoirs et les avantages des deux parties et de les mettre en conformité avec la valeur de leurs contributions respectives_ ». Elle a par ailleurs plaidé pour une révision à la hausse de la participation de la Gécamines dans la Sicomines, qui se limite actuellement à 32 %.
Pour sa part, l’empire du milieu a également exhorté les entreprises chinoises impliquées dans le contrat minier à « _travailler avec leur partenaire congolais pour améliorer la coopération en la faisant bénéficier davantage à la partie congolaise et résoudre les désaccords à travers le dialogue amical et raisonnable_ ».

Djodjo Mulamba

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