Economie

RC Mining Week 2023 : La GÉCAMINES se fixe un nouveau cap : Après une période d’observation de près de trois mois et des réflexions stratégiques mûries pour la relance du géant minier Congolais,

le nouveau Président du Conseil d’administration de la Générale des Carrières et des Mines (Gécamines SA), qui a pris le 28 février dernier les commandes d’une entreprise qui cherche à rompre avec son passé et à renaître de ses cendres, a décidé de briser l’omerta.

En effet, Monsieur Guy-Robert Lukama Nkuzi s’est adressé, le mercredi 14 juin 2023, au gotha minier de la République Démocratique du Congo (RDC), lors de la séance d’ouverture de la 18ème édition de  » DRC Mining Week  », entendons par-là  » Semaine Minière de la RDC  », qui avait pour thème  » Reconnaître les trophées et les victoires de l’industrie minière en RDC et en dehors « .

Un privilège et une opportunité à la fois pour ce grand connaisseur de ce secteur minier, à la base de la croissance économique actuelle au pays bien que pas encore inclusive, de prononcer son mot de bienvenue devant l’ensemble des parties prenantes de la Communauté minière congolaise, déjà présentes ou en prospection, réunies dans la capitale cuprifère pour le développement de l’activité minière en RDC.Nouvelle vision pour retrouver la grandeur  » Comme vous le savez tous, et comme cela a été abondamment rappelé, la RDC est le pays d’avenir de l’industrie minière en Afrique, et potentiellement dans le monde, dans le cadre notamment de la révolution industrielle liée à transition énergétique et une solution pour les défis de la lutte mondiale contre le réchauffement climatique  », a déclaré d’entrée de jeu le PCA de l’ex fleuron de l’économie Congolaise.  » A tout seigneur, tout honneur  », dit-on.

En tant que récent Président du Conseil d’Administration de la Gécamines, Guy-Robert Lukama Nkuzi a tenu d’abord a remercié en son nom propre et au nom de l’ensemble des membres du Conseil d’administration, le Président de la République, Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, pour leur avoir confié cette importante charge – mais aussi en tant que Président du Conseil d’Administration de la Société du Terril de Lubumbashi (STL), le PCA de la Gécamines SA bénéficie d’une position stratégique pour apprécier les réussites et les triomphes miniers en RDC. Également, pour en apprécier les limites ou pour exprimer plus positivement les axes de progrès ou les défis.Au titre des réussites, Guy-Robert Lukama a cité entre autres, cette formidable capacité que la RDC, avec l’engagement des investisseurs internationaux, a eu de reconstruire depuis le début des années 2000 par la promulgation du nouveau Code minier de 2002, un outil minier performant qui a été positivement sanctionné par la désormais deuxième place en matière de production de cuivre, derrière le Chili.

Il ne faut pas oublier cependant, a-t-il ajouté, que cette reconstruction a été basée majoritairement sur les anciens gisements de la Gécamines et son ancienne force de travail.S’agissant particulièrement du cobalt, jusqu’à peu, il n’y avait pas match, tant l’empreinte Congolaise sur la production mondiale était prééminente. Désormais, Kinshasa devra tenir compte de l’émergence de deux nouveaux acteurs, à savoir : l’Indonésie, qui sera le 2ème producteur mondial prochainement et avec lequel, Kinshasa devra coordonner, et l’industrie du recyclage. A en croire le Président du Conseil de la Gécamines SA, on n’en parle pas assez, mais à l’horizon d’une dizaine d’années, entre 20 et 25% de la production mondiale de chemicals notamment, sera issue du recyclage – si les analystes sont dans le vrai – et c’est une donne importante pour l’industrie. Le Gouvernement de la République devra en tenir compte dans les différentes stratégies qui sont mises en œuvre. Pour ce faire, il a salué devant plus de 5.000 participants réunis à Mining Indaba les initiatives fortes du ministère national de l’Industrie, pour garantir la valorisation au mieux de l’avantage compétitif dont dispose ce secteur porteur, mieux  » accélérateur de la croissance  ». Terme emprunté à Monsieur Louis Watum,

Président de la Chambre des Mines de la Fédération des entreprises du Congo (FEC), également Président du conseil d’administration de Kipushi Coorporation (KICO SA). Mais pourquoi coordonner avec l’Indonésie ?

A cette interrogation de la communauté minière, le PCA de la Gécamines SA n’est pas allé par le dos de la cuillère. Aujourd’hui, a-t-il indiqué, les cours du cobalt sont ridiculement bas et profitent à une catégorie d’industriels, spécifiquement, les raffineurs, localisés dans une aire géographique unique, en situation d’oligopole, dont le pouvoir pèse sur les cours.

C’est inacceptable, pense-t-il, surtout pour une ressource aussi rare et c’est un défi majeur auquel, la RDC devra répondre tout de suite.La RDC ne doit pas demeurer le spectateur passif de l’exploitation de son sous-sol. Pour ce faire, le nouveau Patron du Conseil d’administration de l’ex GCM a salué donc les réflexions et initiatives en cours en RDC, menées notamment sous l’égide de l’Argentier national, Nicolas Kazadi Kadima, pour rationnaliser au niveau national, les conditions d’exportation du cobalt. Selon cet expert minier,  » un marché du cobalt maîtrisé profitera aux producteurs et donc leur partenaire la Gécamines SA mais aussi au propriétaire des ressources naturelles, l’Etat congolais  ».

C’est une priorité absolue, selon notre source, car les intérêts et les ambitions du pays de Félix Tshisekedi sont menacés notamment en matière de production de batteries, qu’il doit partager entre tous les acteurs, une véritable cause nationale.La formidable capacité et donc la réussite qu’a eu la RDC de reconstruire un outil minier performant est l’exemple de Kamoa-Kakula qui illustre à merveille son propos. Mais en creux, cela souligne l’incapacité structurelle qui a été pour la Gécamines SA et l’État Congolais, à reprendre son destin en main.  » Nous devrons donc reconstruire notre outil de production et ne pas se contenter de déléguer à d’autres, l’exploitation de notre sous-sol  », a déclaré Lukama Nkuzi Guy-Robert. C’est le défi qu’il a avec la nouvelle équipe de direction, le Directeur Général et les deux DGA, au sein de la Gécamines. Mais le PCA Lukama n’a pas pour ambition de reconstruire la Gécamines SA, comme elle fut à l’époque de nos grands parents, un fantasme de nostalgiques encore nombreux dans le pays :  » Le monde a tellement changé, le Congo a changé, et qu’on le veuille ou non, nous devons l’accepter, pour le meilleur. Notre patrimoine est préservé, il suffirait de le mettre en valeur mais cela coûte énormément  ».

Avis partagé par plusieurs experts.Faire évoluer les ambitions A ce propos, il en appelle à l’évolution du rôle de la Gécamines SA, comme il l’a déjà fait. Évoluer vis-à-vis de ses partenaires en ayant une relation plus équilibrée et moins soumise à des circonstances sur lesquelles elle ne sait peser. Évoluer sur ses ambitions. A ce jour, pour ceux qui ne le savent pas encore, la Gécamines SA détient, un des plus importants portefeuilles miniers de la planète.  » Nous devons valoriser ce patrimoine de toutes les manières possibles, pas uniquement en produisant nous-mêmes, mais plus jamais à travers des partenariats minoritaires aux résultats aléatoires et incertains. Qu’il s’agisse de contrôler la fourniture de minerais à des exploitants en travail à façon, rémunérés comme des sous-traitants, qu’il s’agisse de rationnaliser la production artisanale à travers Entreprise Générale du Cobalt,m (EGC) qu’il s’agisse de contrôler la commercialisation de ses parts dans les joint-ventures (JV), qu’il s’agisse de développer et promouvoir le secteur de la sous-traitance locale grâce à sa capacité de prescripteur, qu’il s’agisse de transformer localement cette part en contribuant à l’industrialisation du pays en intégrant les chaines de valeur mondiales, le champs des possibles pour valoriser la seule richesse qui compte est extraordinaire, et il n’y aucune fatalité à ce que nous nous contentions de regarder passer les trains de la mondialisation  », a-t-il insisté devant les parties prenantes au DRC Mining Week. Avant d’annoncer que :  » La Gécamines SA reste ouverte à toutes les propositions constructives qui viendront enrichir le pays, ses populations, ses entreprises. La porte est ouverte à tout le monde, mais soyez audacieux, la concurrence est toujours plus rude sur des actifs stratégiques par ailleurs non renouvelables. Mais qu’on ne s’attende pas à des solutions magiques. Elles n’existent pas. Une telle transformation prendra du temps et il n’y a pas de raccourci. La réalité est connue  ». Changer de paradigme organisationnel et identifier les nouveaux Chantiers Le PCA Lukama Nkuzi est conscient tout de même que l’organisation héritée du passé est inefficace et archaïque, les tentatives récentes de la revivifier ex ante ont montré leur inutilité et n’ont contribué qu’à retarder un peu plus l’inéluctable. Aujourd’hui, les chantiers de cette para-publique sont clairement identifiés mais ils nécessiteront volonté et courage.La Société du Terril de Lubumbashi (STL), filiale redevenue la propriété unique de Gécamines SA en 2018, finalise désormais sa 2ème phase industrielle, c’est-à-dire la construction d’une usine de transformation locale des alliages comprenant du cobalt, cuivre, argent et germanium, en métaux et concentrés enrichis, plutôt que d’exporter comme ce fut le cas pendant 20 ans, un sous-produit à faire raffiner par d’autres. Pour ce faire, la STL a assuré le financement de la nouvelle phase de son développement industriel, pour un montant d’investissement global de 75 millions de dollars américains. Cette phase 2 comprendra la construction d’une nouvelle unité hydro-métallurgique localisée sur les anciennes usines de Gécamines à Lubumbashi, pour la production, à partir d’août 2023, de cathodes de cuivre, d’hydroxyde de cobalt, d’un précipité de germanium, de concentré d’argent et d’oxydes de zinc. Pour la première fois, le traitement d’alliages sera réalisé sur le continent africain, a fortiori par un acteur africain, pour en extraire la valeur ajoutée. STL deviendra en outre un acteur majeur de la production du germanium dans le monde, métal indispensable à la production des semi-conducteurs. Cette étape matérialise la volonté de son actionnaire Gécamines, et plus largement de l’Etat congolais, de mieux valoriser son patrimoine minier à travers la transformation locale de métaux raffinés, tout en prolongeant la durée de vie des installations de STL de 30 années.Une partie du financement a été assurée par STL elle-même, sur ses fonds propres. Le solde a été financé par RAWBANK SA qui a fourni un prêt, ainsi que TRAFIGURA, qui a renouvelé l’accord de prépaiement existant de 20 millions de dollars en contrepartie de la prolongation du contrat commercial exclusif d’achat des oxydes de zinc produit par l’usine de STL. Ce success-story positionne désormais mécaniquement la Gécamines SA, selon le PCA Lukama Nkuzi, comme un des principaux producteurs de Germanium au monde.  » C’est donc possible, mais sous des formes de gestion renouvelées qui font la part belle à l’autonomie et la responsabilité des acteurs, plutôt qu’à la déresponsabilisation nébuleuse de la bureaucratie héritée de l’Union Minière  », foi de Guy-Robert Lukama Nkuzi.Quid de Kipushi ?S’agissant de Kipushi Corporation (KICO SA), en partenariat avec le Groupe Ivanhoé Mines, la haute direction de la Gécamines SA a tout récemment bouclé un tour de table pour la relance de cette mine mythique avec le concours de GLENCORE.  » Cet aboutissement, est le fruit d’un accord innovant. Gécamines SA, qui a sécurisé l’off take et le financement pour le compte de son partenaire, a aussi contractuellement la possibilité de racheter la production à son compte pour la faire traiter localement si elle réussit à développer des solutions de traitement  », a fait savoir le PCA G.-R. Lukama.

D’ici deux années, a-t-il renchéri, après une phase d’étude, la Gécamines SA saura donc s’il est possible de produire localement et de manière rentable du zinc métal et de l’acide sulfurique qui sera extrait du concentré produit par KICO SA, afin de conserver la valeur ajoutée. Le projet d’acide sulfurique, loin de déstabiliser le marché local de l’acide sulfurique avec la production de Kamoa, elle aussi en future augmentation, viendra alimenter un projet de développement de production d’engrais agricoles, à vocation interrégional.Qu’en est-il de l’accord trouvé avec CMOC sur le méga projet minier TFM ?

Guy-Robert Lukama Nkuzi a aussi annoncé que la Gécamines SA et China Molybdenum sont parvenus depuis le 19 avril à un accord sur la dispute qui les opposait depuis une année déjà, concernant les royalties dues à cette société d’État sur la joint-venture Tenke Fungurume Mining (TFM).Cet accord met en principe fin à une dispute qui aura duré plus d’une année et qui avait sérieusement détérioré les relations entre les deux partenaires, les menant jusqu’au bord de la rupture, après que la Gécamines soit parvenue à faire placer TFM sous contrôle administratif judiciaire. Cet accord a permis la libération de 12.500 tonnes cobalt et 120.000 tonnes cuivre de TFM d’une valeur de 1.5 milliard de dollars, qui étaient bloqués par les autorités congolaises.Revenant sur les annonces d’Août 2021 et mai 2022, CMOC a annoncé aussi un nouvel investissement de 2,5 milliards de dollars et une augmentation de la production sur le projet TFM qui devrait passer à 200.000 tonnes de cuivre et 17.000 tonnes de cobalt d’ici la fin 2023.

Nous l’avons compris, Guy-Robert Lukama Nkuzi a donc fixé le nouveau cap et il est simple comme bonjour :  » C’est en toute chose celui de la valeur ajoutée et de la citoyenneté de cette entreprise, comme bras séculier de l’Etat dans le domaine minier. C’est un combat nouveau pour une entreprise dont le niveau de production fut le seul indicateur de performance à l’époque où elle était en monopole  ».C’est évidemment un changement culturel important pour tous, disruptif même mais inéluctable. Il est trop tôt pour faire des annonces sur le sujet, mais avec l’appui de ses soutiens naturels dont notamment, Ministère des Mines mais aussi celui du Portefeuille et sous l’impulsion de Monsieur le Président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui suit de près cet ambitieux projet, Guy-Robert Lukama Nkuzi et la Gécamines SA sont résolument engagés dans la voie de la création de valeur ajoutée dans tout ce qu’elle essaye d’entreprendre.Tout le monde espère que dans les années à venir, à côté des réussites des entreprises étrangères installées en RDC, on pourra désormais parler de la nôtre, la Gécamines SA. C’est le vœu le plus cher exprimé par le nouveau PCA pour cette entreprise étatique et le Congo tout entier.

Dieudonné Buanali

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top