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Rébellion avortée à Moscou : Les ambitions de Evgueni Prigojine, Patron de Wagner

Selon les médias occidentaux, les forces du groupe paramilitaire Wagner ont commencé à quitter depuis hier dimanche 25 juin leurs positions en Russie sur ordre de leur chef Evgueni Prigojine, qui a fait volte-face après avoir frontalement défié l’autorité du président russe Vladimir Poutine. Après une journée de rébellion armée spectaculaire, Evgueni Prigojine doit partir pour le Bélarus et les poursuites contre lui seront abandonnées, a annoncé le Kremlin. Nous ignorons, au moment où nous mettons ces informations sous presse, le dimanche où se trouvait le tempétueux patron de Wagner, qui avait promis la veille « de libérer le peuple russe » en lançant ses troupes vers Moscou, mais a finalement fait machine arrière afin d’éviter de faire couler le « sang russe ».

«Il y était de l’intérêt supérieur d’éviter un bain de sang », a déclaré le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov dans la soirée, saluant « une résolution sans nouvelles pertes » de la crise, qui a vu le président bélarusse Alexandre Loukachenko jouer le médiateur.

Mais que veut Evgueni Prigojine en retournant les armes contre la Russie ?

Pour certains spécialistes de la Russie, Evgueni Prigojine est décri comme le Frankenstein de Vladimir Poutine. C’est le monstre qui se retourne contre son créateur. Poutine n’a pas senti que sa créature se retournait contre lui. Et il n’a pas réagi. Pourtant, depuis plusieurs mois, il est manifeste que Prigojine, le créateur de Wagner, prend une dimension nouvelle. Jusqu’en septembre dernier, Evgueni Prigojine faisait des procès à tous ceux qui l’accusaient d’être le responsable et le financier de Wagner.
Depuis cette date, non seulement il l’assume, mais il se met en scène en toute occasion à la tête de ses troupes. Avec un objectif « politique » : montrer aux Russes qu’il est un homme fort, un guerrier. Le sous-entendu est clair : Poutine est vieillissant, il ne vient pas voir les soldats sur le front, son armée est fatiguée, corrompue, inefficace. « Je suis le seul à même de sauver le pays », a-t-il lâché devant la presse occidentale.

Le coming out

Il ne fait l’ombre daucun doute que Evgueni Prigojine a compris qu’après la guerre en Ukraine, une nouvelle séquence s’ouvrirait. Pour des spécialistes de la Russie, ce conflit est un désastre. Et il imagine pouvoir être un recours. Grâce à sa fortune, estimée à 15 milliards de dollars, ses 25 000 hommes, mais aussi aux complicités dont il dispose dans les services et dans l’armée (ses cadres sont des anciens du FSB, d’ex-officiers supérieurs), il pense être intouchable. Pendant plusieurs mois, Poutine l’a laissé faire, car il trouvait judicieux de laisser les généraux et son ministre de la Défense se chamailler avec Evgueni Prigojine. Après tout, le Kremlin était l’arbitre des rivalités.

Les chercheurs poussent la reflexion plus loin pour signifier qu’il n’a pas vu que Prigojine se construisait une image politique et souhaitait utiliser les mêmes stratégies que celles avec lesquelles lui-même est arrivé au pouvoir en 2000 grâce à la guerre en Tchétchénie. À l’époque, Poutine n’était que Premier ministre et il n’avait que très peu de pouvoir. Il a joué avec la guerre pour s’imposer. Il n’a pas vu le jeu de Prigojine et il a considéré que les officiers de l’armée qui le mettaient en garde exagéraient. Il ne les a pas pris au sérieux.

Le patron de Wagner a tout perdu

Perdre tout dans cette opération, c’est un calcul de long terme pour Prigojine qui semblerait l’échec de la Russie dans cette guerre contre l’Ukraine. C’est ainsi qu’il a donc mis en scène la bataille de Bakhmout à son profit. Début janvier, il a pris en charge ce combat sur le mode. Puis, en mai, en plein G20, il a annoncé « la victoire de Bakhmout » en annonçant qu’il laissait la place à l’armée. Poutine a remis des médailles à certains de ses cadres et l’a félicité. Il apparaît ainsi dans l’opinion comme un vainqueur.

Pendant ce laps de temps, il a fait une grande tournée « politique » en province pour sonder les gouverneurs, les officiers, les responsables politiques, qui ont fait des selfies avec lui et l’ont fait applaudir. Le problème, c’est que l’armée a vu son jeu et a exigé que ses hommes soient désarmés puisqu’ils ne sont plus sur le front. Poutine a validé cette décision : Wagner devait rendre les armes courant juillet. Prigojine pouvait ainsi perdre sa principale force, son armée personnelle. C’est ce qui l’a conduit à agir.

Djodjo Mulamba

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