Economie

Spéculation et diabolisation en hausse : De quel Vital Kamerhe parle-t-on ? Une esquisse de rappel historique pour une perception équitable

Chaque pays a ses légendes, ses mythes fondateurs, ses modèles et ses piliers. Ces hommes égaux à tous parviennent par le sens du devoir à se hisser au niveau de servir les autres des phares dans la navigation de nuit sur mers agitées. Le Congo a eu ses géants, d’autres célèbres, d’autres anonymes mais qui ont accepté de donner le meilleur d’eux-mêmes pour que leurs semblables accèdent à des postures de dignité. Depuis les nuits ancestrales, il y a eu des guides pour tracer les voies de changement qualitatif pour leurs compatriotes. Ces hommes exceptionnels traversent des moments de difficulté et peuvent même être présentés comme ayant perdu la raison alors que leur combat était juste et noble. On se rappelle le cas de Mandela Nelson qui fut condamné à mort comme terroriste alors que son combat portait sur le salut de tous dans une Afrique du Sud, la nation arc-en-ciel. On peut encore évoquer le cas de Étienne Tshisekedi wa Mulumba qui s’opposant au système MPR (Ndlr : Mouvement Populaire de la Révolution, parti-État sous l’ex Zaïre du Maréchal Mobutu) qui a été traité de fou, d’ailleurs le docteur Loseke deviendra célèbre pour avoir refusé de signé un document médical dans ce sens.

Depuis quelques jours, des pamphlets sont publiés s’attaquant à Vital Kamerhe, le Président national de l’Union pour la nation Congolaise (UNC), le traitant de tous les noms d’oiseaux et lui attribuant des agendas, on ne peut plus loufoques. A l’origine de ces attaques injustes et indignes existe l’idée selon laquelle, il nourrirait l’ambition de gêner le PR06 dans l’usage de ses prérogatives en exerçant sur lui un chantage. Rien de plus éloigné que de penser à cela pour un homme qui a déjà démontré son sens élevé du devoir et sa capacité de transcender les calculs personnels pour donner à chaque situation la chance à la paix et à la concorde de groupes.

Faut-il, peut-être, rappeler quelques faits historiques où l’engagement de Vital Kamerhe fut non seulement exemplaire mais déterminant pour que soit préservée la paix et les équilibres du moment. Il faut ici considérer le rôle qu’il a joué dans les discussions pour la signature de l’Accord de Lusaka ? Ils étaient trois cadres venus des camps différents à savoir, Azarias Ruberwa du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RDC), Olivier Kamitatu du Mouvement de Libération du Congo (MLC) et Vital Kamerhe du Gouvernement central. C’est à eux que nous devons la rédaction du chapitre cinq de l’Accord global et inclusif, chapitre qui va planifier le dialogue inter-congolais de Sun City, Afrique du Sud, en 2002, en posant les bases du retour à la réunification. C’est fut la plus grande menace effective de la balkanisation du Congo. Sans fanfare, ils ont convenu de sauvegarder l’essentiel en inscrivant dans les objectifs du dialogue la réunification. D’autres nations comme le Soudan dans les mêmes conditions avaient choisi la séparation et on peut imaginer aisément ce qui leur arrive aujourd’hui au nord comme au sud.
Il a donné le meilleur de lui-même pour défendre l’Accord de Lusaka alors qu’en interne très peu pariaient sur sa valeur. Et pourtant c’était la voie royale pour sortir de cette impasse . Plus tard, il a fallu négocier l’Accord global et inclusif, Vital Kamerhe était de la partie, passant des nuits entières dans les salles de Sun City négociant non seulement avec des rebelles mais des légions étrangères derrière les Congolais des groupes armés. L’Accord fut signé en 2002 par l’ensemble des parties prenantes après plusieurs sessions de discussions. Mais, restait-il une portion en Ituri, des forces n’ayant pas accédé à la plate-forme de négociation. Vital Kamerhe, avec d’autres compatriotes, a entamé la caravane de la paix allant en territoires occupés pour prêcher le retour d’un Congo uni. Partout, prenant des risques extrêmes, il a conduit cette mission dans une fermeté. On peut se rappeler des déplacements de Isiro à Boma, de Gbadolite à Dilolo, en empruntant des Antonovs, fameux cercueils volants, de tout danger. Mais jamais il ne s’est plaint des conditions difficiles de cette période qu’il savait indispensable et nécessaire pour une paix durable. Avec un sourire permanent et un humour de réconfort, il avait toujours un mot pour motiver ses compagnons parfois saisis de découragement par rapport à des difficultés momentanées. Ainsi, on va le retrouver à Bunia pour organiser et participer à la conférence de paix en Ituri. Moment difficile qui va être ponctué par des enlèvements dont le ministre des Droits humains, Alphonse Ntumba Luaba, fut l’une des victimes. Vital Kamerhe est de tous les combats et c’est effectivement vrai quand il porte le surnom de  » pacificateur  ».

Après le dialogue entre Congolais, les négociateurs principaux sont récompensés par des postes de responsabilité sauf lui car, Olivier Kamitatu est désigné président de l’Assemblée nationale, Azarias Ruberhwa devient le Vice-président de la République mais le  » pacificateur jusqu’au bout  » devrait se contenter d’un poste de ministre de la communication et médias, porte-parole du Gouvernement de la République. Il prend sportivement ce devoir et comme à son habitude, il s’investit dans cette tâche sans hésitation, le plus important pour lui étant de servir la Nation. Et on se souviendra qu’en qualité de ministre, il met en pace un Programme de réunification communicationnelle en dotant tous les territoires des émetteurs pour que la Radio nationale soit captée partout, ce qui est la base de l’élaboration d’une conscience collective. Il est présent au Gouvernement, il fait pression sur la Commission politique, administrative et judiciaire (PAJ) pour le respect des résolutions de l’Accord global et inclusif dont il est l’une des mémoires vivantes. Cette attitude républicaine lui vaut de quitter le Gouvernement et d’aller dans une forme de garage au Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD, parti présidentiel sous Joseph Kabila) comme Secrétaire général. Voilà que son dynamisme naturel prend le dessus et il entame une remontada politique au point de faire du PPRD la première force politique après les élections de 2006.

Vital Kamerhe est un stratège politique né, il a des atouts incontestables dans la conduite des questions politiques car, il anticipe et ne se perd jamais dans des considérations superflues. Et pourtant, son parcours indique qu’à chaque fois que l’on doit lui donner une reconnaissance politique, il y a comme une forme d’hésitations et on lui bombarde des épisodes de diabolisations périodiques. Ainsi, après les élections, étant le Secrétaire Général du parti gagnant, il pouvait légitimement obtenir le poste de Premier ministre. Mais des officines politiques ont estimé que c’était trop lui donner car, il ferait  » ombrage  » au chef de l’État. Et pour l’éloigner du centre des décisions, on lui demande de conduire l’Assemblée nationale. Vital Kamerhe avec joie se fait élire président de la chambre basse du Parlement de la RDC.

De mémoire de Congolais, jamais une législature n’a été aussi passionnante avec des débats démocratiques dignes et des contrôles parlementaires jusqu’au vote des motions de défiance des membres de la majorité parlementaire au pouvoir. Comme président de l’Assemblée Nationale, l’élu de la circonscription électorale de Bukavu, au Sud-Kivu, a donné le meilleur de lui-même pour faire vivre l’âme démocratique en RDC. Mais ce succès au perchoir ne lui a pas fait que des amis car, dans certains milieux, on a considéré qu’il utilisait ce strapontin pour briguer des postes plus élevés. C’est sans surprise que l’opinion a vu se déployer une armada pour le pousser à la démission alors qu’il venait de prendre une distance avec l’opération en cours où des troupes rwandaises furent invitées sur le sol Congolais sans l’aval du Parlement. La suite, nous la connaissons. Vital Kamerhe va quitter le perchoir et entamer un maquis de près d’une année pour réfléchir à son destin.

En 2010, il revient avec une force nouvelle et un parti politique bâti sur le roc des expériences passées et une vision d’avenir, c’est l’Union pour la Nation Congolaise (UNC). Désormais, il a les clés de son destin en mains et il se lance dans une implatantation qui bat tous les records . L’UNC se retrouve aux élections de 2011 et raflé la troisième place à la présidentielle. Vital Kamerhe est désormais un opposant au régime Kabila, il va déployer une force de propositions sans pareille. C’est dans cette dynamique qu’il est compté par les autres membres de l’opposition au plus haut niveau. On se souvient du quarto Martin Fayulu, Moïse Katumbi, Vital Kamerhe et Jean-Pierre Bemba, auquel groupe va s’ajouter Reddy Matungulu et Adolphe Muzito.

Même dans cette séquence, il parvient à faire une bonne lecture des enjeux et convainc Félix Tshisekedi de le suivre dans l’Accord de Nairobi après avoir retiré leurs signatures des arrangements de Genève, à Bruxelles (Accord de Genval).

Cet homme est au cœur des dispositifs nationaux qui promeuvent un Congo gagnant. Le voilà dans une coalition du nom de  » CACH  », entendons par-là Coalition pour le Changement, et ça va pour le mieux. Il est au cabinet du Président de la République. Il veut pour le Président de marquer les esprits, il avance vite et il va coordonner le  » Programme des 100 jours  ». Dans un pays où le mentalité n’a pas changé, où les actes désintéressés sont rares, un guet-apens lui est tendu et une cabale est montée de toutes pièces pour faire de lui un exemple de justice. L’homme est écroué, jugé, exposé à l’ignominie. Sans broncher, il clame son innocence alors que devant lui défile les preuves de la conspiration, des hommes sont recrutés pour le salir. Il devient l’ogre, le méchant, celui qu’il faut désigner à la lapidation. Elle est morale car, personne n’écoute sa voix devenue inaudible clamant toujours son innocence. Des mois passent, les dossiers se prêtent à l’analyse critique et il apparaît clairement que le coupable est à chercher ailleurs car, le Gouvernement qui a fait ses propres enquêtes, arrive à la conclusion selon laquelle, qu’il est possible de retracer ces fonds destinés au Programme des 100 jours. Kamerhe serai-il innocent ?

La justice réexamine les faits sans émotion et elle arrive à la conclusion d’un non-lieu total.
Sans vengeance, sans avoir renié ses engagements politiques, sans avoir pris de distance avec le Chef de l’État dont il soutient intégralement l’action, le voilà sur les routes Congolaises pour prêcher le deuxième mandat. C’est ce Kamerhe qui est aujourd’hui vilipendé et exposé aux gémonies par des personnes qui ne sont pas initiés à la connaissance historique, seul moyen d’éviter l’amalgame et de ne pas tomber dans le jugement superficiel.

Il est venu le temps d’éviter à notre peuple de consommer des écrits dictés essentiellement par les fantasmes de la jalousie politique. La Nation lui doit au moins d’avoir servi sans calculs et sans atermoiements. Quelle que soit la responsabilité que l’on lui confiera dans la législature en cours, Vital Kamerhe s’appliquera avec art et maîtrise loin des pêcheurs en eaux troubles.

Robert Tanzey

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