Santé

Interview exclusive : Que doit faire la population pour éradiquer complètement la maladie à virus Ebola ? Réponse avec le Dr Jean-Louis Mwanza

Dr Jean-Louis Mwanza Nyengele est médecin-pédiatre aux Cliniques Universitaire de Kinshasa (C.U.K.). Il est l’un des spécialistes envoyés au nord de la République Démocratique du Congo (RDC) pour à la fois combattre et éradiquer complètement cette maladie mortelle dite Ebola. Au cours d’une interview exclusive accordée à Géopolis Hebdo, vendredi 07 juin dernier, ce médecin congolais a montré la voie à suivre pour arrêter définitivement la propagation de cette pandémie : « La population doit collaborer avec l’équipe de la riposte qui est mise sur place, en respectant les mesures qui peuvent diminuer la contamination de la maladie ». Entretien.

Géopolis Hebdo (GH) : Dites-nous docteur, qu’est-ce qui est à la base de la persistance de la maladie au Nord Kivu et en Ituri ?

Docteur Jean-Louis Mwanza Nyengele (DJLMN) : En fait, la maladie à virus Ebola persiste à ce jour au Nord-Kivu et plus précisément, à Beni-Butembo, primo, à cause de l’insécurité permanente qui existe dans ce coin du pays qui ne facilite pas aux équipes de la riposte de bien mener la lutte contre cette maladie. Cette insécurité est à la base de déplacements massifs des populations, favorisant ainsi des contaminations. Le Gouvernement de la RDC doit lutter contre cette insécurité pour améliorer la riposte contre cette maladie mortelle. Secundo, il y a un déficit criant dans la compréhension elle-même de la maladie par la population de ce coin du pays. Pour certains, il s’agit d’une maladie amenée pour les exterminer ! Pour d’autres, il s’agit d’une invention des autorités du pays en complicité avec la communauté internationale, pour les éliminer. Pourtant, c’est faux. La MVE existe et sévit dans les sous-régions précitées.

Quel est l’état de lieu de l’évolution du virus Ebola au Nord-Kivu et en Ituri ? Est-ce qu’il y a des avancées en termes de riposte ?

Selon les données récentes communiquées par le Ministère de la Santé de la RDC, la situation épidémiologique de l’évolution de l’épidémie d’Ebola dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri se présente de la manière suivante, au 7 juin 2019. Depuis le début de l’épidémie, le cumul des cas est de 2.039, dont 1.945 confirmés et 94 probables. Au total, il y a eu 1.373 décès (1.279 confirmés et 94 probables) et 552 personnes guéries (…). Et 131 004 personnes ont été vaccinées depuis le début de l’épidémie au mois d’août 2018.

Quel est le nombre des enfants contaminés par la maladie à virus Ebola à ce jour dans les provinces concernées ?

A ce jour, environ 30 à 38 % des personnes infectées sont des enfants. La mortalité avait atteint au mois d’octobre 2018, des chiffres inquiétants : 7 à 8 enfants sur 10 décédaient dans les centres de traitement. Cette réalité a motivé le Gouvernement de la RDC avec les partenaires de faire appel aux spécialistes Pédiatres dont j’en fais partie, pour appuyer la prise en charge des enfants dans le centre de traitement d’Ebola. Actuellement, cette mortalité a été sensiblement réduite jusqu’à 30 % chez les enfants admis au centre de traitement d’Ebola. C’est à dire, 7 enfants sur 10 guérissent actuellement de la maladie à virus Ebola au centre de traitement d’Ebola.

Que doit faire la population pour éradiquer complètement la maladie à virus Ebola ?

La population doit collaborer avec l’équipe de la riposte qui est mise sur place, en respectant les mesures qui peuvent diminuer la contamination de la maladie telles que : la gestion de décès communautaires et les mesures d’hygiène individuelle et collective. Elle doit prendre conscience que la maladie à virus Ebola est une maladie infectieuse, d’origine virale. Elle est très contagieuse et très mortelle.

Propos recueillis par Fiston Olangi (Stagiaire/UNIKIN)

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