Société

Flambée de messages de tribalisme dans les médias : Le CSAC promet de frapper fort

Le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication est vent debout contre les déclarations à caractère tribal qui se multiplient dans les médias en RDC. Pour le président de cette institution d’appui à la démocratie, les choses ne sauraient continuer ainsi. Devant des messages qui « risquent de mettre en péril l’unité et la cohésion nationale », le CSAC promet de sévir en frappant les médias qui s’aviseront de diffuser ou publier des contenus véhiculant la discrimination et la haine tribale. Tout est parti du constat fait depuis quelques jours dans les médias où certains acteurs politiques et sociaux se servent de la radio et la télévision pour distiller dans l’opinion des messages à caractère tribal et haineux. Sur ce, l’autorité de régulation des médias affirme que toute personne qui tiendra des discours de haine tribal ou autres se verrait interdire de passage dans les médias opérant en RDC par une décision d’embargo du Conseil. Dans une interview accordée à Géopolis Hebdo, le président du CSAC s’exprime en toute franchise. Interview exclusive.

GH : Était-il nécessaire pour vous de prendre une telle décision en ce moment ?

Tito Ndombi : Nous ne prendrons pas une décision sur le tribalisme pour nous. C’est une interpellation à l’endroit des médias pour dire que le discours de la violence, de la haine tribale, n’est pas un discours responsable et ces genres de discours ne doivent pas être répercutés dans les médias. Il ne faut pas emmener dans les médias cette haine tribale qui est en train de s’insinuer au sein de l’opinion.

GH : Qu’est-ce qui motive exactement cette position ?

TN : Je crois que le constat est général et l’opinion commence à s’en émouvoir. Vous avez suivi lors de la rentrée parlementaire : Que ça soit au Sénat ou à l’Assemblée nationale, ce discours de la haine, ce discours de la violence a été évoqué. Ceux qui suivent et observent les médias, constatent ce discours et nous avons constaté la même chose puisque nous avons un centre de monitoring ici chez nous.

GH : Quelle est votre réelle crainte ?

TN : Notre vraie crainte est que ce discours qui est en train de monter, mette en péril la cohésion et l’unité nationale. Parce que vous savez, un feu, on sait comment l’allumer, mais quand on l’allume, on ne sait pas si on a les moyens de l’éteindre. Il ne faut pas attendre que ces gens-là, par leurs menaces, mettent en péril l’unité nationale. Il ne faut pas leur laisser de l’espace dans les médias. Nous ne voulons pas que ce discours passe par les médias. C’est ça l’object du CSAC parce que nous, notre problème c’est suivre, c’est observer le contenu qu’on nous sert. Mais si c’est un contenu de violence ou de haine, on doit dire non et stop.

GH: Mais alors comment comptez-vous mesurer l’impact de votre décision sur terrain ?

TN: L’impact c’est dans les médias parce que vous savez aujourd’hui, un homme politique peut tenir un meeting quelque part devant 100 ou 200 personnes, il tient des propos violents. Ça peut s’arrêter là entre ces 100 ou 200 personnes qui l’ont suivi. Mais par contre quand ce discours est répercuté dans les médias, vous mesurez l’ampleur ? Parce qu’il s’agit des médias de masse. On ne veut pas que cela passe dans les médias. Nous avons un centre de monitoring et on essaie de suivre ce que les médias proposent et diffusent. Si on constate que malgré cette interpellation, malgré cette mise en garde il y’ a des médias qui continuent à diffuser ces genres de discours, on sera obligé de prendre des sanctions. La loi et la réglementation nous donnent la possibilité de suspendre un média jusqu’à 3 Mois, de frapper d’embargo un intervenant dans les médias pendant 3 mois, peu importe qu’il soit journaliste ou acteur social. La loi nous donne cette possibilité-là.

GH : Pour terminer monsieur, qu’est-ce que nous devons retenir ?

TN : Retenez ceci, : le discours d’incitation à la violence, le discours de la violence n’est pas un discours responsable ; il ne doit pas être répercuté dans les médias, il menace la cohésion, il menace l’unité nationale.

Propos recueillis par Mimi Zena

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