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CENI, impasse du processus par les confessions /Au-delà de la personne de Denis Kadima : L’urgence d’un dépassement collectif

La volonté politique était-elle bien inspirée de confier aux confessions religieuses le choix du président de la CENI ? Cette question se pose aujourd’hui, au regard de l’impasse dans laquelle le processus de trouve. Malgré le temps, malgré les conseils, le G-6 et le G-2 ne sont pas parvenus à un consensus. Et désormais, les prises de parole sont des œuvres de destruction de l’image et de la moralité des uns et des autres. Nous sommes loin du rôle de conducteur attendu d’eux. Si l’explication qui est donnée se focalise sur la personne de Denis Kadima, peut-on croire, au regard du pourrissement dans le rapport des confessions religieuses, qu’en changeant de personne, on résoudrait cette problématique ? Laissez-nous douter de cela, car ce qui était une divergence d’approche, est devenu une contradiction identitaire. Désormais c’est une question de vie ou de mort pour les pères spirituels et les églises derrière.

A cet antagonisme, s’ajoute les courants politiques qui se sont arrimés aux uns et aux autres, et qui, au travers de ce dossier, continuent l’affrontement politique. Nous avons raison de nous interroger sur le choix des confessions religieuses dans la résolution des conflits politiques, car le vécu de ces derniers mois a augmenté la conviction selon laquelle, à partir du moment où le dialogue entre acteurs fait appel à un dogme, l’impasse est certaine.

Nous sommes bel et bien dans la logique formelle où deux propositions certaines ne peuvent être vraies en même temps. Cette situation est malheureusement celle d’aujourd’hui, avec à la clé, le paradigme de « c’est l’un ou l’autre ». En s’étant privé de toute solution médiane. Le temps est venu aux structures de se dépasser, en pensant à ceux qui croient en elles ; en pensant aux vies fauchées il y a un peu plus d’une année, en se soulevant sur cette même question de la CENI. Les pères spirituels ont écrit à Christophe Mboso, en soulignant qu’ils prient afin que le Saint-Esprit accompagne le speaker de l’Assemblée nationale afin que « ses efforts » évitent au pays une crise, une crise de trop qui ne sera bénéfique à personne, ont-ils ajouté.

À voir la tournure des choses, à écouter les uns et les autres, la crise risque de s’inviter durablement. A-t-on à ce point oublié le chemin parcouru ? Ce chemin critique qui a fait dire à plusieurs des observateurs extérieurs que désormais le Congo a amorcé le chemin du relèvement de la nation ? La question de désignation des animateurs de la CENI a fait remonter à la surface des vieux démons, ces démons qu’on croyait définitivement vaincus.

On se rappelle que plusieurs personnes et personnalités ont pointé du doigt (à tort ou à raison?) des arguments tribaux qui auraient motivé le choix ou le non choix par les hommes d’églises. A ces accusations, l’abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO a répliqué que « considérer la CENCO et l’ECC comme des tribalistes est une injure grave. C’est une récupération politicienne. C’est pour cela qu’on évoque le rôle du chef de l’Etat comme garant de la cohésion nationale. Cette histoire de tribaliste a commencé à l’époque des échanges sur Malonda. Certains avaient inventé une histoire selon laquelle le Cardinal aurait donné un mot d’ordre pour écarter les candidats kasaiens. Cela nous avait peiné, malheureusement nous avons eu du mal à prouver ».
Dans ces jeux d’accusation, le présidium des confessions religieuses allègue presque ouvertement que les autres ont cédé aux sirènes de la corruption.

L’opinion publique risque d’assister à un déballage médiatique entre les hommes de Dieu, étant donné que la CENCO et l’ECC disent détenir des enregistrements pour prouver leur affirmation.
En réalité, il faut dire que la désignation du président de la CENI aura eu le mérite de renvoyer à la figure de la pauvre RDC le reflet de ce qu’elle est devenue : un pays où les valeurs ont disparu et où les basses besognes se sont enracinées jusque dans les lieux censés être saints.

Patrick Ilunga

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