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Patrice Lumumba : Ultime hommage national


Deuil national, hommages de la nation et inhumation dans la stricte intimité : la République Démocratique du Congo a fait ses adieux à Patrice Emery Lumumba, décédé à l’âge de 36 ans le 21 janvier 1961. L’ancien tout premier ministre congolais a été donc inhumé hier jeudi 30 juin 2022 dans son mausolée situé à la place échangeur. Avant ce moment d’inhumation réservé à la famille et au président de la république, Félix Tshisekedi, des hommages digne de son rang lui ont été rendu par la nation tout entière. Dès 9h30, une cérémonie officielle s’est tenue à la place échangeur dans la commune de Limete en présence du Chef de l’Etat, Félix Tshisekedi, et de son homologue du Congo Brazzaville Denis Sassou Ngouesso, des présidents de l’Assemblée Nationale et du Senat, ainsi que des membres de la famille du héros national, des membres du gouvernement congolais, des représentations des corps diplomatiques et autres invités. Vers 10h, le convoi funéraire a fait son entrée à l’échangeur de Limete, et accueilli par le Premier ministre, Jean-Michel Sama Lukonde accompagné des deux anciens premiers ministres, Bruno Tshibala et Samy Badibanga. Le service solennel a débuté en présence de nombreuses personnalités. Pionnier de l’indépendance, Bruno Bukasa, la classe politique a fraternisé le temps de la cérémonie.

Dans son oraison funèbre, le Président Félix Tshisekedi Tshilombo, a rendu un vibrant hommage à ce vaillant combattant de la liberté. « Que la terre de nos ancêtres vous soit douce et légère », a-t-il déclaré avant de lever , par la même occasion, le deuil national de trois jours décrété sur l’ensemble du territoire national.
Pour le Chef de l’Etat, cette cérémonie qui s’est voulue grandiose, n’avait d’un banal rituel funéraire. Et à l’en croire, le présent Mémorial de Patrice-Emery Lumumba était, avant tout, un « lieu d’affirmation de notre foi en notre capacité à construire par nous-mêmes notre grande nation », mais aussi, « le sanctuaire de notre mémoire collective ». C’est ainsi qu’il a invité ses compatriotes à prendre soin de ce Mausolée afin de maintenir constamment allumée la flamme de l’amour du Congo qui s’y dégage.

Tout en saluant l’engagement de la famille biologique du Héros National et lui et réitérant la reconnaissance de la Nation toute entière, désormais fière de s’associer à l’héritage politique et spirituel légué par ce digne fils du pays, il a rendu en cette circonstance particulière un hommage appuyé à toutes les femmes et à tous les hommes de bonne volonté ayant rendu possible la matérialisation de ce moment historique, le Président Félix Tshisekedi a
Ce moment a été aussi l’occasion pour le premier de tout les congolais d’adresser ses remerciements au Royaume de la Belgique, mais plus particulièrement le Roi Philippe et le Premier Ministre Alexander de Croo, pour leur contribution au rétablissement de la vérité sur le triple assassinat de Patrice Lumumba et de ses deux compagnons d’infortune, Maurice Mpolo et Joseph Okito. « C’est seulement après avoir dit la vérité et établi les responsabilités des uns et des autres que nous pourrons, ensemble, Congolais et Belges, entamer l’étape déterminante du pardon, de la justice et de la réconciliation véritable et définitive », a-t-il souligné.

Avant de clore son oraison funèbre, le Chef de l’État a consacré ses propos sur le personnage de Patrice Emery Lumumba. Tout en mettant en exergue les qualités humaines hors normes de l’illustre disparu avec et saluant son retour à Kinshasa après l’avoir quitté le 27 novembre 1960, il a rappelé que ce père de l’indépendance a été caractérisé par une force de conviction soutenue par le caractère non violant de sa noble lutte. Présentant Lumumba comme un Homme du peuple, il a également loué son intransigeance à ne pas céder à l’endoctrinement colonial, mais aussi, son combat pour l’égalité entre citoyens, les droits fondamentaux de la personne humaine, la justice sociale et la liberté.

Les instants ayant suivi cette oraison funèbre furent simplement émouvants. Les membres de la famille biologique de l’illustre disparu ont assisté, non sans retenir leurs émotions, à la descente de la dépouille dans le caveau aménagé au bas du Mausolée, sous les notes de la fanfare. La relique de Patrice Lumumba murée dans un cercueil, gagnait ainsi, dans l’intimité familiale, son lieu de repos éternel, en présence du Président Félix Tshisekedi et de son homologue Denis Sassou N’Guesso. Le tout négocié dans un rituel funéraire que requérait la circonstance.
Bien avant ce discours, les petits-fils de Patrice Emery Lumumba ont à leur manière, salué la mémoire de leur défunt Grand Père. Remerciant les autorités du pays, mais aussi, la population congolaise dans son ensemble qui, selon eux, aura montré que l’aura incarné par ce dernier continuera d’incarner un esprit qui rassemble au-delà des groupes ethniques et des appartenances politiques. Sans ambages, ils ont mis une emphase particulière sur ce qu’ils ont qualifié de « Génération Lumumba », celle des jeunes ambitieux décomplexés qui s’engagent à rééquilibrer les différents rapports de forces avec le reste du monde et même au sein du pays à travers des concept innovants.
Les églises ont également joué leur partition, dans un culte œcuménique au cours duquel la grâce divine fut implorée pour une sincère réconciliation du Congo avec son histoire, mais aussi, pour l’affermissement des vertus nationalistes et de l’unité nationale.

Réactions

Le professeur Isidore Ndaywel è Naiem
« L’histoire de la RDC s’écrit toujours et elle n’arrêtera jamais à être écrite. Puisque nous sommes tous des acteurs historiques. Tant qu’il y a la vie, il y a l’histoire et elle s’écrit toujours ». Et d’ajouter : « Oui. Bien sûr. Il y a une question de justice. C’est un dossier qui demeure ouvert et qui devra se poursuivre. C’est qu’il faut maintenant ce que du côté congolais, il y ait une organisation pour poursuivre le dossier ».

L’ancien premier ministre Samy Badibanga
« Il y a eu des excuses qui ont été présentées par le gouvernement Belge. Cela a pris du temps. Mais aujourd’hui, on remercie Dieu et l’histoire que cela soit éclairci. Non, seulement 62 ans mais c’est le tout premier Premier Ministre qui a lutté pour l’indépendance de ce pays. Tout avait été suspendu à Bruxelles en attendant son arrivée. Il a lutté pour l’unité et la souveraineté de la RDC et ses paroles retentissent encore dans nos mémoires aujourd’hui. La symbolique est très forte, voilà pourquoi aujourd’hui nous sommes tous là et nous espérons que son exemple va servir à tous les congolais et particulièrement à la jeunesse congolaise parce que tout ce qu’il a fait, il l’a fait à 35 ans et est mort à 36 ans ».

Djodjo Mulamba

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