Société

100 ans du Kimbanguisme : l’obligation de l’exemplarité

Cela fait 100 ans jour pour jour depuis le premier miracle de Simon Kimbangu. Ce premier miracle qui a été le début d’une longue mission, faite de calvaire, de déportation, d’arrestation et de privation, a ouvert un mouvement inarrêtable, parti du Kongo central pour conquérir l’Afrique centrale et même certains pays européens et américains.
Entre le 6 avril 1921 et 6 avril 2021, le Kimbaguisme a eu un parcours qui n’a pas été un long fleuve tranquille. D’abord l’arrestation, puis la condamnation, la misère et la maltraitance en prison pour le prophète, la déportation pour ses adeptes. Toutes ces persécutions se sont achevées par la mort ou le bannissement. Les personnes qui sont mortes, ont été enterrées avec leur histoire, leur combat, bannies par le pouvoir colonial. Mais la flamme a été tellement forte que le mouvement a continué dans la résistance et la clandestinité. Le prophète lui-même avait été condamné pour « sédition ». Condamné à mort, sa peine avait été commuée à la peine à perpétuité. Lorsqu’il décède en 1951, après 30 d’emprisonnement à Elisabethville, Simon Kimbangu quittait le monde comme quelqu’un de banni par le pouvoir colonial. Le prophète avait été réhabilité en 2011 à travers la révision du procès où le Congo avait annulé la condamnation pour sédition.

Bien avant que le mouvement du Kimbaguisme ne soit autorisé en 1959, les adeptes priaient dans la clandestinité. Depuis, le mouvement est parti de victoire en victoire, amené, d’abord par Diangienda Kuntima, troisième fils du prophète. A la mort de celui-ci, Dialungana Kiangani, son aîné de deux ans, a dirigé l’église en tant que chef spirituel jusqu’en 2001. Avec la mort de Dialungana Kiangani et aussi la mort des autres fils Kimbangu (Kisolokele et Diangienda), en 1992, l’église était entre les mains des petits -fils. Là, a commencé la période difficile de la gestion de l’église. « Papa » Dialungana a cédé le bâton de commandement à Simon Kimbangu Kiangani, qui se trouve être son fils biologique.
Restés au nombre de 26, les petits-fils du prophète s’étaient mis en tête qu’ils pouvaient tous revendiquer l’héritage Kimbangu, avec le même statut ou presque. Mais cela, le désormais chef spirituel, qui a succédé à son père en 2001, ne l’entend pas de cette oreille. Il est le représentant légal et les autres petits-fils ont rang de conseiller. La pomme de discorde est née là.

Pour formaliser le schéma d’un chef spirituel avec 25 conseillers, il y a eu un ensemble des textes écrits en 2002, appelés « les résolutions ». Approuvés par Simon Kimbangu Kiangani, ces textes sont rejetés par ses frères, lesquels se revendiquent « chefs spirituels adjoints ». A partir de cet instant, les idées ont commencé à diverger et l’éclatement est apparu au grand jour avec parfois des scènes d’attaques médiatiques via lieutenants interposés. La vague a pris en RDC et même en Angola où l’un des petits -fils s’était plaint d’avoir fait les frais de la dislocation. Il aurait été chassé du pays où il était numéro 1 de l’église.

Le Kimbaguisme qui a uni les congolais autour du combat spirituel et surtout du combat pour la dignité de l’homme noir, a offert, par ses héritiers, un spectacle désolant. Derrière la lutte des petits-fils, la succion a gagné même les fidèles.
Deux courants se sont formés dans l’église, qui est devenue quasiment deux églises, mais gardant le même nom, les mêmes uniformes, mais les slogans se sont ajoutés, et les différencient un peu. La partie ( la grande partie) des fidèles restés au Centre d’accueil comme quartier général, ont ajouté un slogan : 3 égalent 1. Ceux de Monkoto : 26 égalent 1. En référence au 26 petits-fils, censés être uni, donc censés être un.

Le lézarde perdure depuis 2002. Pendant presque 20 ans, le grand mouvement du Kimbaguisme est gagné par les démons de la division. Les fils Diangienda et Kisolokele se sentent écartés, ostracisés. Ils ne peuvent plus aller à Nkamba, leur havre, leur source, le berceau du Kimbaguisme. Pendant cette période de brouille, deux d’entre les petits-fils Kimbangu, aile Monkoto qui sont morts, n’ont pas eu droit à une sépulture à Nkamba. La scissiparité risque de durer.

Patrick Ilunga

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