Editorial

Crise en Ukraine : Vladimir Poutine, nouveau maître de la géopolitique mondiale ?

Nous vivons la fin d’une époque, nous savons que le 21 février 2022 va constituer désormais le début d’une ère nouvelle dans les relations internationales. Sans savoir comment sera structurée la suite des évènements, au moins une chose est certaine, nous vivons la période des impuissances assumées. La force des États est toujours allée au bout du fusil, et le monde a payé le lourd tribut pour obtenir l’équilibre de la terreur qui a fondé sa paix relative. L’Union européenne (UE) et les États-Unis d’Amérique dans le Pacte atlantique ont juré de ne plus s’engager dans une guerre comme c’est fut le cas au cours de la grande guerre et de la seconde guerre mondiale. Seulement voilà, la culture pacifiste ne triomphe que là où elle est majoritairement partagée. La guerre reste, pour certaines puissances, la seule possibilité d’influer profondément sur des questions stratégiques. Cette culture assumée de privilégier le dialogue et la concorde entre le peuple a-t-elle atteint ses limites ? C’est en tout cas ce que suggère les positions prises par le président russe, Vladimir Poutine, qui a asséné un coup de maître à l’équilibre en Europe, en reconnaissant l’autodétermination des provinces séparatistes ukrainiens.

Par une manœuvre digne d’un maître des échecs, il a avancé ses pions de manière stratégique à tel point que les Ukrainiens ont manifesté leur dépendance au bouclier défensif américain sans se rendre compte de ce que cette exposition dans cette zone anti-occidentalisée avait de dégradant.

Voilà Poutine qui obtient tout ce qu’il voulait sans tirer un seul coup de feu et laisse le monde occidental sans voix, menaçant des sanctions sans effrayer, produisant une telle atmosphère de finitude qu’il devient possible de dire sans risque de se tromper que nous assistons au début de la fin de l’hégémonie de la vision occidentale du monde. Vladimir Poutine, dans une effet permanent de contradiction, a introduit sur la scène de l’opinion publique mondiale le fait de la contradiction permanente face au triomphe de la pensée unique.

A partir du moment où les américains disent d’office qu’ils n’enverront pas des troupes sur le terrain ukrainien et que les européens se contentent des sanctions économiques, les russes restent seuls maître à bord. La ligne rouge qui pourrait, si elle est franchie, provoquer la guerre sans doute si les Ukrainiens décident de forcer les deux républiques auto proclamées de revenir dans la fédération. Ces dernières, sous la protection de Moscou, vont demander de l’aide et la guerre sera inévitable.

Vladimir Poutine et Joe Biden le savent bien et calculent pour chacun le prix lourd à payer si jamais telle option devenait inévitable. Quitte à sacrifier l’Ukraine en la balkanisant, les deux puissances sont prêtes à passer le Rubicon de l’hypocrisie mondiale.

Entre temps aux yeux du monde, le président russe a gagné en respect, car ses capacités d’intervention, somme toute, limitées au regard des problèmes économiques internes, ont su aux yeux du monde changer de paradigme dans les rapports internationaux.

WAK

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top