Politique

Les lignes bougent : Naissance du Front Commun pour le Congo

Cogité depuis quelques jours, le projet d’une large coalition opposition-majorité a vu réellement le jour dimanche dernier avec la signature d’une charte constitutive. Les acteurs politiques, membres du gouvernement, mais pas seulement, ont décidé de se mettre ensemble « pour surmonter la crise et placer au centre de ses objectifs, l’émergence du Congo ». La cérémonie d’engagement officiel s’est déroulée dans une ambiance bon enfant. Mais l’on a noté l’absence de quelques ministres. Ces membres du gouvernement, en mission, devraient apposer leur signature à la charte, « dès leur retour ».

La majorité présidentielle, une partie de l’opposition politique ainsi qu’une partie de la société civile convolent désormais officiellement en lune de miel. Ces factions politiques ont décidé de s’engager à « demeurer solidaire », « Mues par la volonté de respecter la constitution et les lois de la république et déterminées à gagner ensemble les prochaines élections à tous les niveaux ». Ces partis et regroupements politiques ont convenu de créer une « grande » coalition, le Front Commun pour le Congo. Une initiative du Président de la République, afin de « fédérer » les forces politiques et sociales au sein d’une plate-forme dont il est l’Autorité Morale. La cérémonie de la signature de la charte constitutive du Front Commun pour le Congo (FCC) a eu lieu hier dimanche à l’hôtel Pullman, à Kinshasa et va se poursuivre cet après-midi et demain mardi. Pour la journée d’hier dimanche 1er juillet, la cérémonie de signature s’est faite en trois étapes. Ce sont d’abord les chefs des composantes des forces politiques et sociales, membres du FCC qui ont paraphé le document : Aubin Minaku pour le compte de la Majorité présidentielle, Bruno Tshibala pour le Rassemblement ; José Makila pour le compte de l’opposition signataire de l’accord du 18 octobre 2016 issu du dialogue de la cité de l’Union Africaine ; Maguy Kiala pour la société civile.

La cérémonie s’est poursuivie avec la signature de la charte par les membres du « comité stratégique » du FCC. Présidé par Henri Mova Sakanyi, « le comité stratégique » est en quelque sorte l’organe central de cette coalition. Il compte des personnalités comme Alexis Thambwe Mwamba ; Tshibangu Kalala ; Félix Kabange Numbi ; Ingele Ifoto ; Azarias Ruberwa ; Justin Bitakwira ; Paul Kapika ; Maguy Kiala ; Marie-Ange Mushobekwa ; Kengo Wa Dondo (absent à la cérémonie pour cause de deuil mais représenté par Michel Bongongo ) ; Néhemie Mwilanya et Henri Mova.

La troisième étape de la signature de la charte est celle des membres du gouvernement. Un à un, ministres et vice-ministres ont défilé pour donner leur accord à la naissance de cette plate-forme, qualifiée « d’inédite » notamment par les signataires eux-mêmes. Au rang des absents, on peut noter celles de Jean-Pierre Lisanga Bonganga ; d’Emery Okundji, de Gaston Musemena ; de Marie-Ange Mushobekwa ; de Shé Okitundu. Ces membres du gouvernement, en mission, n’ont pu se pointer à ce rendez-vous « historique ». A noter que les fondateurs du FCC se sont engagés à soutenir une seule candidature à l’élection présidentielle et à disposer de la majorité présidentielle.

La mise en place du Front Commun pour le Congo donne une nouvelle configuration au paysage politique congolais. Alors que, certains partis de l’opposition se disent encore ébahis par la naissance de cette plate-forme, ses signataires eux se félicitent d’avoir franchi un cap, pour que « le Congo ne se balkanise pas ». Ils jurent vouloir démontrer à tout prix à la face du monde que la « la classe politique congolaise est capable de se rassembler autour d’une vision commune des valeurs républicaines en vue de servir l’intérêt général du peuple ».

                                                                         Patrick Ilunga  

Réactions des signataires

Après la cérémonie de la signature de la charte constitutive du Front Commun pour le Congo, quelques signataires ont salué l’initiative et donné le bien-fondé de leur engagement

Aubin Minaku

« Au nom de la majorité présidentielle (MP), je voudrais d’abord saluer la dextérité politique et stratégique du président de la République, autorité morale de la MP qui, depuis 2001 jusqu’à ce jour, en passant par les élections 2006 et 2011, a toujours fédéré le peuple et toutes les composantes politiques. Il a toujours évolué avec tous ceux qui ont la passion du Congo. Et aujourd’hui nous sommes fières de constater qu’au niveau de notre gouvernement où il y a des acteurs de l’opposition et de ceux de la majorité, il y ait cette initiative sous le leadership de Joseph Kabila Kabange, autorité morale et de la majorité présidentielle et du Front Commun pour le Congo. Cette initiative va nous permettre de gagner haut la main les élections à tous les échelons. Nous en sommes fières et nous nous en félicitons. Aujourd’hui, main dans la main avec nos amis de l’opposition et de la société civile, membres de ce front, nous sommes sûrs que nous sommes bien partis pour gagner ».

Bruno Tshibala

« Je parle au nom de toutes les forces sociales et politiques de la RDC. Nous avons tiré les leçons de l’histoire politique de notre pays depuis 1960 jusqu’à nos jours. Nous avons constaté que les efforts inlassables que nous avons déployés pour consolider la démocratie, l’Etat de droit et la stabilité politique de notre pays, sont encore très fragiles. Un bon en arrière nous mènerait vers les dissensions, les querelles et l’instabilité. Voilà pourquoi nous avons décidé de mettre en place une grande coalition politique électorale non pas pour les intérêts et les ambitions de ses membres, mais pour le Congo afin de conjurer le retour de la discorde. Je salue l’initiative du président de la république. Je félicite toutes les forces politiques et sociales qui sont membres du Front, d’avoir compris que l’intérêt du Congo passe avant tout. Pour nous, c‘est l’histoire politique de notre pays qui se refait. A chaque moment clé de l’histoire de notre pays, il s’est toujours agi de se fédérer et de créer un front ».

José Makila

« Ceux qui hier, doutaient qu’il n’y aurait pas élections, doivent savoir qu’il y aura bel et bien élections en RDC. Les patriotes ont décidé de gagner les élections afin de gérer le pays ensemble. Il va falloir que l’on soit clair ici : ce n’est pas une partie de l’opposition qui se verse dans la majorité. Ici ce sont les regroupements et partis politiques de l’opposition ainsi que les regroupements et partis politiques de la majorité qui aiment ce pays et qui veulent aller vers l’avant, qui veulent reconstruire ce pays, qui se sont mis ensemble et qu’autour d’un programme, aller vers le souverain primaire afin que celui-ci nous donne le pouvoir de diriger. Nous sommes ici dans une coalition électorale. Notre leitmotiv est que le Congo ne se balkanise pas. Je tiens à saluer la magie politique du président de la république. Les gens croyaient que Kabila n’allait pas respecter les accords, car il ne faut pas l’oublier, ceci est la continuité et la logique des deux dialogues (18 octobre 2016 et celui de la Saint-Sylvestre). Les vrais congolais ont décidé d’aller main dans la main ».

                                                            Propos recueillis par Patrick Ilunga

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