Il a marqué de son empreinte la lutte pour l’accession à l’indépendance au Congo. Et désormais, une ville portera son nom : Lumumbaville. Cela a été acté au dernier Conseil des ministres et le Chef de l’État l’a rendu effective à travers la nomination d’un maire et de son adjoint. Le Chef de l’État l’a annoncé au cours de son discours à l’occasion de la célébration de 60 ans d’indépendance de la RD Congo.
En seulement quelques années de lutte et lobbying avec les grands leaders africains de l’époque, Patrice Emery Lumumba est resté dans la mémoire collective comme l’un des leaders africains qui ont compté le plus, même s’il n’a exercé de hautes fonctions de l’État que pendant quelques semaines seulement. Son aura a traversé le cadre du continent africain pour impacter même des générations dans des pays comme la Russie ou même la Belgique, pays pourtant considéré longtemps comme ayant les mains dégoulinant du sang du héros Congolais.
Dans le pays de Staline, il y a eu pendant très longtemps une université au nom de Lumumba. Dans les villes africaines, plusieurs rues portent le nom de ce héraut, chantre d’un Congo unis et d’une Afrique debout. Dans cette « course frénétique » pour honorer le tout premier premier ministre du Congo indépendant, ainsi que nous l’avons déjà insinué plus haut, même la Belgique a sauté le pas : il y a une place Lumumba à Bruxelles. Dès lors, la République Démocratique du Congo ne pouvait plus se contenter de rester sur le même pied d’égalité dans la célébration du premier héros national, reconnu par tous.
Dans cette symbolique historique, Lumumba qui incarne à lui tout seul la libération du Congo du joug colonial, méritait d’avoir une ville en son nom. Jadis au Congo, des villes ont porté les noms des personnages européens parfois sulfureux. Contestés par plusieurs, leurs hommages immérités ont été balayés par le vent de l’histoire.
Cela est tout à fait différent avec Lumumba. L’histoire lui rend justice, car en quelque sorte, par lui, le Congo a existé. Par lui le Congo a vécu. Le combat de Lumumba aujourd’hui continue d’être revendiqué par plusieurs de ses héritiers qui se recrutent à plusieurs bords politiques. Et c’est déjà une exception au Congo où plusieurs leaders sont d’abord des leaders dont les bases sont d’abord communautaires et provinciales.
Le fait que ça soit le ministre de la décentralisation Azarias Ruberwa qui ait porté cette ingénieuse idée au Conseil des ministres et le fait qu’il ait défendu cela avec brio, en dit long sur l’appropriation par l’ensemble de la classe politique congolaise de l’idéal de Lumumba et la reconnaissance de son combat. Selon le compte rendu du Conseil des ministres du 26 juin, la nouvelle cité de Lumumbaville aura 2 communes distinctes, à savoir celle de Wembo-Nyama, entité où l’ancien premier ministre a passé sa petite enfance et celle de Ewango, dont fait partie Onawa, village natal de Lumumba.
Patrick Ilunga
