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RDC-Rwanda : La contre attaque de Paul Kagame sur fond d’une lecture communautaire

Alors que les autorités ainsi que le gouvernement congolais accusent ouvertement le Rwanda d’agresser le Congo sous couvert du M 23, Paul Kagame contre-attaque, et accuse le président Félix Tshisekedi de « ne pas s’occuper du vrai problème ». Selon le chef de l’État rwandais cité par Bloomberg, les questions qui menacent les relations entre les deux pays voisins, c’est notamment l’incapacité à réprimer la rébellion interne en RDC.
Alors qu’il se trouve au Qatar economic forum, le président rwandais a brandi la question communautaire comme étant « une vraie cause » qui alimente la discorde dans la région des Grands Lacs. « Faire ces accusations, c’est tout simplement fuir ses responsabilités en tant que président de ce pays », a déclaré Kagame dans une interview (citée par Bloomberg).

Kagame qui a toujours nié l’implication de son armée dans la guerre menée par le groupe M 23, fait une lecture basée sur les considérations communautaires. Pour lui, la question des Congolais dont les ethnies se trouvent aussi au Rwanda « doit faire l’objet d’une plus grande attention ». « Si vous regardez les droits des personnes, régler leur problème est une question simple, » a lâché le maître de Kigali.
Lui dont le gouvernement a affirmé que « le Congo s’est allié » aux ( rebelles Rwandais) FDLR depuis « 30 ans », insiste maintenant sur ce qu’il qualifie de « vraie question ». Il s’accroche à cet argument, profitant de la montée des messages de haine, lancés malheureusement ces derniers jours, par certains en RDC.
Il y a peu, le ministre de la Communication, Patrick Muyaya prévenait : « Les faciès des uns ou des autres ne doivent pas ouvrir la voie à la discrimination ou à toute forme de menace. Le Président de la République a demandé le respect de l’ordre établi et d’éviter de tomber dans le piège de la xénophobie au risque de faire le lit de l’ennemi ».
Justement, aujourd’hui, ces messages ont donné du grain à moudre au président rwandais. Kigali est en train de vouloir retourner la question à son avantage pour se mettre l’opinion internationale dans sa poche.
L’argumentaire développé actuellement dans certaines capitales d’Afrique de l’Est et dans plusieurs chancelleries occidentales met un accent sur le fait qu’un certain discours de haine monte.
Du coup, dans les organisations internationales, dans plusieurs pays, tous ou presque font mine d’oublier que pendant ce temps, les différents groupes armés locaux et étrangers font des victimes même parmi les enfants chaque jour quasiment. Le chiffon rouge a réussi à faire porter l’attention sur une question aux dépens d’une autre réalité.

Kigali tenue à distance

En pleine brouille avec la RDC, le Rwanda veut néanmoins garder un œil sur son voisin. Alors qu’il est présenté comme pays aggresseur, ce pays a voulu injecter le contingent des militaires de la RDF (Rwanda Defense Force) dans la force spéciale des pays d’Afrique de l’Est qui s’apprête à être envoyée en RDC, malgré le refus ferme des autorités congolaises. L’instance assidue s’est heurtée à une fin de non recevoir ferme.
Le Rwanda a choisi de participer à la réunion des chefs d’État major des armées des pays de l’Est organisée à Nairobi le 19 juin dernier alors que Kigali avait boycotté la réunion du même genre organisée auparavant à Goma.

Le président Paul Kagame a répondu à l’invitation de Uhuru Kenyatta pour parler de la paix au Congo, alors qu’il s’était fait représenté au précédent conclave toujours dans la capitale Kényane. Il veut que son pays fasse partie de la solution maintenant alors que lui, (autant que l’Ouganda entre autres) n’a pas ouvert le processus de pourparlers avec les rebelles de son pays établis au Congo pour obtenir leur reddition, comme cela avait été recommandé lors du deuxième conclave tenu à Nairobi en avril dernier.

Actuellement, la bonne dynamique de confiance et de dialogue instaurée par le président Félix Tshisekedi dans la relation avec le Rwanda s’est arrêtée. Nul ne sait quand la machine pourra redémarrer.
Mais en attendant, la Rwanda ne pourra pas revenir en sauveur avec les troupes d’Afrique de l’Est dont le commandement sera tenu par le Kenya.

Patrick Ilunga

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