La détention de 90% des contrats de sous-traitance par Trade Freight Forwarders (TCFF), l’une des sociétés de sous-traitance de Kibali Goldmines [Ndlr : co-entreprise entre Barrick Gold Corporation (45%), Anglo Gold Ashanti (45%) et la para-publique Sokimo (10%)], chargée de transport et logistique, qui à son tour exigeait des commissions aux entreprises Congolaises sous-traitantes en violation de la Loi n° 17/001 du 08 février 2017 fixant les règles applicables à la sous-traitance dans le secteur privé, divise l’Autorité de Régulation de la Sous-Traitance dans le Secteur Privé (ARSP), un Etablissement public créé par le décret n°18/019 tel que modifié et complété par le Décret N°20/025 du 12 Octobre 2020, avec pour objectif de réglementer les activités de sous-traitance commandées par des entreprises privées donneurs d’ordre opérant dans tous les secteurs de l’économie nationale, et le géant minier Barrick, actionnaire-gérant de Kibali Goldmines, évoque certaines allégations qu’il qualifie de » non fondées » reprises par certains médias à la recherche du sensentionnel. Mais que reproche-t-on réellement à Barrick ?
» Nous reprochons aux responsables du groupe Barrick de confier 90% des marchés à TCFF qui est une société étrangère qui sous-traite à son tour les sous-traitants Congolais en violation de la Loi et ses mesures d’application en leur imposant de lui rétrocéder 5 % de leurs factures. », a écrit Miguel Katemb Kashal, DG de l’ARSP, sur compte X.
Réagissant à son tour au dossier qui oppose Kibali Goldmines à l’ARSP, le Directeur-pays de Barrick Gold, Cyril Mutombo, a rassuré, le lundi 29 janvier 2024, lors de la traditionnelle conférence de presse de la Joint-venture, que le processus est en marche pour que l’entreprise incriminée se mette en ordre telle que l’exige la Loi précitée. De son côté, l’ARSP a initié une série de séances de travail entre les deux parties pour trouver une solution satisfaisante pour tous.
» Avec l’ARSP, nous avons initié des pourparlers pour le cas d’une société basée au Kenya, TCFF. C’est une chaîne logistique internationale et qui s’occupe de la centrale d’achats. Elle a une filiale enregistrée ici en RDC. Elle a reçu des documents en bonne et due forme de l’administration publique. Elle a même le certificat de l’ARSP l’autorisant d’évoluer et de travailler. », a expliqué Cyril Mutombo. Ce dernier tenait à éclairer l’opinion sur ce dossier qui ternit l’image de Barrick et Kibali dans l’opinion.
» Au cours des échanges avec l’ARSP, celle-ci a soulevé un certain nombre de problèmes notamment l’actionnariat de cette société qui ne respecte pas la clause de 51% de parts qui doivent être détenus par des Congolais », a révélé le DG de KGM.
En effet, la Loi sur la sous-traitance exige que 51% des parts soient détenus par des Congolais. A ce sujet, l’ARSP ne lésine sur aucun moyen pour faire respecter la Loi sur toutes les entreprises principales.
Cyrille Mutombo a insisté sur certaines allégations qu’il qualifie de » non fondées » reprises par certains médias. D’abord, il a démenti le fait que Barrick ne détient pas 90% de parts dans la société TCFF. Le Directeur Pays de Barrick a souligné que Kibali dépense environ 325 millions de dollars chaque année dans la sous-traitance et les sociétés congolaises n’ont pas moins de 55%. Ce qui est même au-delà des exigences de la Loi sur la sous-traitance en RDC. » Nous avons pris l’engagement de changer ce mode de fonctionnement avec cette société », a-t-il affirmé.
Ensuite, l’ARSP a évoqué la résiliation immédiate du contrat avec cette société de transport et ses filiales. Face à cette dernière exigence, Cyril Mutombo a indiqué que Kibali importe du matériel, de la marchandise… qui vient de loin et ceux-ci passent par le Kenya, l’Ouganda et c’est impossible de se passer de ces pays-là. » Ce qui explique l’implication de gens originaires de ce pays pour travailler dans la filiale du transport », a-t-il alerté.
» Nous avons sollicité un délai pour nous conformer et corriger ce problème. Avec l’ARSP, nous avons commencé ce travail et nous avons même signé des procès-verbaux de nos réunions. », a indiqué Mutombo Cyrille. Avant de rappeler que : » depuis l’implantation de Kibali en RDC, cette entreprise minière a contribué à la création de millionnaires Congolais. A ce jour, le nombre de sous-traitants Congolais s’élève à 4.106 représentant 63% contre 162, soit 2% de sous-traitants expatriés ».
Kibali a aidé par le passé plusieurs jeunes qui sont devenus aujourd’hui de très grands sous-traitants avec des chiffres très palpables. C’est le cas de MD Services, Inter Oriental Builders (IOB) et tant d’autres.
» Nous avons (déjà) commencé à respecter la Loi sur la sous-traitance avant même que celle-ci soit plus vulgarisée », a martelé le DG Cyrille Mutombo. Plus de peur que de mal, il n’y aura donc pas fermeture de la mine de classe mondiale comme une certaine presse l’avait annoncé !
Dieudonné Buanali