Politique

Sénat : Comme en 2019, Léon Mamboleo sera-t-il la passerelle pour une autre ère ?

Après une confusion semblable à celle qui avait précédé la chute de Jeanine Mabunda, le secrétaire général du Sénat a bien installé le bureau d’âge à la chambre haute du parlement. Le bureau est conduit par le doyen d’âge Léon Mamboleo; de Victorine Lwese et de Reagen Ilanga. 64 sénateurs ont pris part à la séance plénière et selon les dires de Léon Mamboleo, tous, à « l’unanimité » ont décidé que les pétitions contre les membres du bureau soient examinées et délibérées.

Pourtant, la veille, soit mercredi 3 février, le professeur Kaumba Lufunda, rapporteur du Sénat, a lui aussi signé un document dans lequel il a déclaré que le communiqué du secrétaire général, ayant convoqué la plénière était  » nul et de nul effet ». Les sénateurs ont siégé hier jeudi 4 février. Ils ont donc pris rendez-vous pour aujourd’hui vendredi, afin de délibérer au cas par cas. Ainsi, le président provisoire a invité les membres du bureau de venir présenter leur moyen de défense devant leurs pairs.

Doit-on dire d’ores et déjà que les dés sont pipés et que le bureau Thambwe Mwamba est en train de vivre ses derniers instants ? En tous cas la bataille risque d’avoir raison du staff dirigeant du Sénat.

Au-delà de la polémique politicienne qui peut entourer les actions des pétitions, Géopolis Hebdo a choisi de faire pleins feux sur le président du bureau d’âge. Léon Mamboleo est celui qui a assumé les responsabilités de président provisoire, début 2019, pour assurer le passage de l’ère Kengo à la période Thambwe Mwamba. Le destin lui tend la perche à nouveau, grâce à son âge, pour diriger les séances qui verront peut-être l’équipe Mwamba passer la main. Mais qui est-il au juste et sera-t-il la passerelle pour une nouvelle ère au sénat ?

Portrait

Il a servi la République Démocratique du Congo (RDC) en étant souvent dans le travail de fond. Une carrière longue et riche qui lui a fait découvrir les méandres à la fois du pouvoir exécutif et judiciaire. Ayant aussi fait valoir ses talents au niveau international, à 84 ans Léon Mamboleo revient à la tête du Sénat (provisoirement) après son passage d’avril à juillet 2019 où il était déjà président du bureau d’âge de cette chambre du parlement.

Elu du Sud-Kivu (le seul élu de sa province sur la liste de l’Union pour la Nation Congolaise), Léon Mamboleo Mughuba Itundamilamba est né à Kagozi, en décembre 1936. Il est originaire de la collectivité de Wamuzimu, en territoire de Mwenga, dans le Sud-Kivu. Après des études primaires à l’école Mero de Kamituga, il fait ses études secondaires au petit séminaire de Mungombe où il obtient, en 1953, son diplôme des humanités greco-latines. La même année, il passe son Jury central à Kinshasa, alors Léopoldville. Il va intégrer l’Université de Lovanium.

Léon Mamboleo fait partie des 5 premiers Docteurs en Droit de l’histoire de la RD Congo de 1960 à 1963 (ensemble avec Etienne Tshisekedi).

A l’issue d’un cursus universitaire riche, il obtient, en 1963, son doctorat en Droit (Il faut dire que ces années-là, le doctorat à thèse n’est pas encore introduit dans l’enseignement universitaire en RD Congo).

Sa carrière professionnelle commence en 1964 lorsqu’il est nommé Conseiller juridique et Directeur du Département Etudes et Documentation à la Chambre des Représentants du Parlement Congolais. La même année, Mamboleo fait partie du secrétariat technique chargé d’élaborer la “Constitution de Luluabourg”, la première Constitution de l’après indépendance.

Le président provisoire du Sénat a eu aussi une belle carrière dans l’appareil judiciaire de la République Démocratique du Congo: avocat près la Cour d’Appel de Léopoldville (depuis 1965), Avocat près le Tribunal de Grande Instance de Bukavu (depuis 1971), Avocat près la Cour d’Appel de Kisangani, Avocat près la Cour d’Appel de Bukavu et plusieurs fois Doyen du Conseil de l’Ordre.

Expérimenté, le successeur de Léon Kengo Wa Dondo à la tête du Sénat traverse la frontière et devient avocat détenteur d’une autorisation du Gouvernement du Rwanda pour plaider devant les juridictions de ce pays. Cette expérience va jusqu’en 1994, avant la prise du pouvoir au Rwanda par le Front Patriotique Rwandais (FPR).

Politiquement aussi, Mamboleo n’est pas né de la dernière pluie. Son engagement politique date de 1964. Cette année, il est alors un des responsables du “Parti Démocratique Africain” (PDA), ce qui lui avait valu d’être nommé Ministre de la Justice et Garde des Sceaux et des Affaires Sociales du gouvernement de Salut Public dirigé par Moïse Tshombé de 1964-1965. C’est en sa qualité de Ministre de la Justice qu’il a été parmi les signataires de la Constitution de Luluabourg.

En 1965, il intègre un nouveau parti politique, l’Alliance des Socialistes Chrétiens Congolais (ASCCO) et parvient à se faire élire député national pour la circonscription électorale du Kivu. Il intègre par la suite le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) jusqu’a y être hissé comme membre du Comité Central et du Bureau politique. Lors de la démocratisation de 1990, il quitte le MPR pour intégrer l’UFERI, puis l’UDPS où il a été membre de la Fédération au Sud-Kivu, avant de quitter définitivement, croyait-il, la politique après sa participation à la Conférence Nationale Souveraine. Mamboleo décide alors de se consacrer à la lecture, sa passion de toujours.

A mesure que les années avancent, son autre passion le rattrape. Léon Mamboleo retrouve la toge noire et défend la cause de la RDC auprès des instances judiciaires internationales. En 1999, il est le Correspondant juridique principal de la RD Congo à l’Agence intergouvernementale de la Francophonie.
Depuis l’année 2000, l’homme a tiré un trait sur sa carrière et coule une retraite douce entre Bukavu, Kinshasa, l’Europe et les Etats-Unis.

En mars 2019, il parvient à se faire élire Sénateur de la province du Sud-Kivu. Doyen d’âge, Léon Mamboleo prend la tête pour la deuxième fois, du bureau provisoire de cette chambre ô combien importante dans la vie politique de la RDC. Il aura la tâche d’organiser les travaux pour examiner les pétitions contre les membres du bureau, dans un contexte de séisme politique.

Patrick Ilunga

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