Economie

Suspension d’émissions des bons du trésor : Entre crise de confiance des placeurs et solutions alternatives, Al Kitenge réfléchit

Face aux besoins réels de plus en plus croissants auxquels fait face l’Etat congolais et les moyens à sa disposition qui s’avèrent limités, surtout avec les effets néfastes de la covid-19 qui ont entamé négativement les économies de presque toutes les nations, le gouvernement congolais recourt aux fonds levés via les bons du Trésor. Un mécanisme consistant à émettre des titres d’emprunt par l’État et remboursable à échéance. Mais avant, l’Etat paie des intérêts, et l’acheteur de ces bons du trésor se retrouve donc créancier de l’État qui s’engage à rembourser l’acheteur à une échéance déterminée. la République démocratique du Congo, à travers le ministère des finances publiques, émet ces titres d’emprunt régulièrement chaque mardi sur le marché des capitaux congolais. Selon un document de ce ministère signé le 08 janvier 2021, la RD Congo a pu lever 551,3 milliards CDF après avoir émis des bons du trésor à hauteur de 566,8 milliards CDF au courant de l’année 2020, soit, une réalitalisation de 97,26%. Ce qui n’est pas le cas pour l’année 2021 où l’Etat Congolais comptait mobiliser 180 milliards CDF pour le premier trimestre de l’année. A ce jour, l’État n’a pu léver que 72,56 milliards Fc, donc 40% du montant recherché. Les dernières adjudications des bons du trésor du 09 mars courant n’ont rien rapporté, suite visiblement à la réticence des placeurs. Et depuis, ces activités ne s’organisent plus.

Pour l’analyste économique Al Kitenge, les bons du tresor sont fondés sur les éléments des confiance. « La seule raison que les États émettent de manière illimitée et indéfinie des bons de trésor, ce que les gens se disent, et c’est une théorie classique, un État ne peut jamais tomber en faillite, il sera toujours là et on présume qu’il sera toujours sérieux et respectera ses engagements. Ça veut dire qu’en fait, il se pose un problème avec l’État congolais ; dans la mesure où il n’honore pas toujours ses engagements à temps », dit-il.

Cette situation, ajoute-t-il, fait douter de la capacité de l’État congolais à rendre ses devoirs. C’est pour ça qu’aujourd’hui la plupart d’acheteurs des bons du trésor en RDC se trouvent être les banques, parce que finalement elles n’ont pas où placer l’argent, au lieu de le placer à l’extérieur ils placent une partie d’argent ici. Poursuivant, ce spécialiste des questions économiques dépeint selon ses analyses la situation économique du Congo, mais aussi le regard que les placeurs des fonds au trèsor public par créance peuvent porter à l’endroit de la fiabilité ou non de l’Etat congolais. Ce qui est aussi possible est le fait que la situation de l’État congolais devient de plus en plus difficile, ainsi même sa crédibilité est entamée. c’est la raison pour laquelle, selon Al.Kitenge, les gens ont une hésitation de plus en plus prononcée par rapport à l’attractivité des bons de trésors.

« J’ai juste envie de vous dire que pour que les bons du trésor marchent dans un pays, il faut qu’il ait la rentabilité, mais aussi la fiabilité de l’État. Ça veut dire qu’en fait, quand on dit le 30 mars on va payer, le 30 mars, on doit payer. Et c’est cette culture que l’État congolais doit être en mesure de faire avancer dans la tête des citoyens, de sorte que les placeurs des fonds ne soient pas nécessairement de grandes structures, mais ça soit surtout les citoyens. Le pays le plus endetté du monde s’appelle le Japon. Il a 247% du taux d’endettement par rapport à son PIB. Les plus grands préteurs de l’État Japonais, ce sont les citoyens eux-mêmes. Ils savent qu’ils sont dans le même bateau que l’État japonais, si l’État japonais croule ils vont crouler et vice versa. Ça veut dire qu’en fait les citoyens sont solidaires à l’économie du pays », indique Al Kitenge.

Ce qu’il faut à ce stade est que,  »l’Etat émet les bons du trésor pour qu’il ait les moyens d’action, c’est une espèce d’emprunt » rapporte cet analyste économique. Si l’État congolais justifie ces emprunts par ses besoins, bien sûr il sera nécessairement difficile pour lui de pouvoir assurer ses propres engagements. cette suspension voudrait aussi dire que l’État a trouvé des solutions alternatives. Cette dernière assertion est à première vue à élaguer, au regard des derniers résultats d’adjudication des bons du trésor, qui se sont soldés à un fiasco total. Une catégorie d’observateurs rapportent aussi que cet arrêt est dicté par les méandres politiques, vu que la nomination et l’installation du nouveau gouvernement sont attendues.

Contacté par Géopolis, le ministère des finances publiques n’a pas daigné donner une suite à nos sollicitations, alors que la thèse de l’insolvabilité de l’Etat se répand comme une traînée des poudres dans les milieux médiatiques et de ceux qui s’intéressent à la question.

Fiston Oleko

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