Editorial

FCC-CACH : L’impossible décrispation ?

Lorsque le président Félix Tshisekedi et l’ancien président Joseph Kabila se sont rencontrés le 12 mars dernier à la cité de la N’sele à Kinshasa pour « une importante rencontre », deux points avaient été mis à l’ordre du jour. Il s’agissait de faire « l’évaluation de la mise en œuvre de l’Accord de la coalition FCC-CACH » et de prendre des dispositions « pour la décrispation politique et la bonne marche de la coalition ». Les deux leaders de la coalition au pouvoir avaient alors constaté « réellement un malaise dans le fonctionnement de la coalition ». « Malaise dû, essentiellement aux malentendus, à certains agissements, à des sorties médiatiques inappropriées dans les deux camps… », disait le document ayant sanctionné la rencontre entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila.

Deux mois après cette rencontre, alors que les deux autorités de la coalition avaient pris l’engagement de « tout mettre en œuvre » pour que les agissements hostiles ne se reproduisent plus, force est de constater que l’apaisement tant souhaité n’est encore que de façade.

visiblement, nous ne sommes plus au stade des « malentendus » mais plutôt d’hostilité et de suspicion exacerbée. Les récentes passes d’armes entre les cadors de la coalition, pourtant chefs d’institutions, sur le débat autour de la tenue ou non d’un congrès, sont là pour témoigner du climat dans lequel la coalition évolue.

Maintenant, les diatribes semblent avoir quitté les institutions (là encore c’est peut-être la façade) pour s’installer dans la jungle des réseaux sociaux, les médias, sur fond du recours systématique au domaine judiciaire. Les uns et les autres qui discutent dans ces médias hors du commun ont trouvé un terreau favorable : la propension à mêler les noms des hommes politiques à des débats politico-judiciaires, au tribalisme, au repli communautaire, avec tout ce que ceci a comme effets sur le comportement des citoyens lambda dans plusieurs provinces. A ce jour, chacun pourra mesurer le chemin parcouru pour en arriver à avoir un État relativement stable. Chacun sait combien la guerre nous coûté, en sang et en temps. Il est vrai que chacun peut nourrir une peine profonde, mais il faut savoir que la génération actuelle sera comptable devant les générations futures si, l’on n’aura pas réussi à capitaliser les acquis du combat de la démocratisation et du développement qui tarde toujours à pointer son bout de nez. Les frustrations des uns et des autres n’ont pas besoin de tirer sur la fibre du divisionnisme.

Une nation qui se divise en elle-même court sa propre perte. Les positions extrêmes des uns et des autres ne peuvent mener qu’à la division. Et les divisions internes donnent du grain à moudre à ceux qui, à l’extérieur, pensent qu’il est temps que la RD Congo subisse le sort du Soudan (avec Soudan du Sud) pour que la région des Grands Lacs africains ait droit à la paix.

Chacun aura remarqué qu’il y a un semblant de paix chez certains poids lourds des deux familles politiques au pouvoir. Mais, derrière cette paix de façade, les faucons des parts et d’autres s’apprêtent peut-être à tomber le gant de velours dont ils se parent, pour retrouver la main de fer et montrer les biceps pour une épreuve de confrontation, soit-elle par procuration.

Nous n’avons qu’à suivre les débats dans les provinces, dans les rues de Kinshasa, dans les médias et dans l’inextricable jungle des réseaux sociaux.

Patrick Ilunga

Click to comment

Leave a Reply

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

To Top