Martin Fayulu s’est offert un retour triomphal samedi 22 août à Kinshasa, après 6 mois d’un séjour Euro-Américain. Après une longue procession, un bain de foule comme la ville de Kinshasa sait en faire, l’ancien candidat à la présidentielle est arrivé finalement à la place Sainte Thérèse, habillé de son éternelle chemise blanche, manches retroussées et masque au visage. Il est presque 18 heures, Martin Fayulu et Adolphe Muzito montent sur l’estrade, flanqués de leurs épouses, toutes habillées en blanc. Aux côtés de leurs hommes fidèles parmi lesquels Lisanga Bonganga, Steve Kivuata, Ados Ndombasi, Lexxus Leggal, Mike Mukebay, pour ne citer que les plus connus, Fayulu et Muzito saluent les militants et sympathisants de la coalition Lamuka sous des décibels de musique que crachent les baffles.
Derrière, le podium qui accueillent les deux leaders et leurs accompagnateurs, les observateurs curieux ont pu remarquer la grande affiche représentant Muzito, Fayulu, Katumbi et Bemba. Mais pour les deux derniers leaders, la représentation s’arrête là. Pas un proche connu de Moïse Katumbi, ni celui de Jean-Pierre Bemba sur l’estrade.
Ayant pris la parole en premier, Adolphe Muzito dégaine et lance des piques acerbes à l’endroit de la coalition FCC-CACH, qui selon l’ancien premier ministre, « a échoué ». Muzito regrette au passage que « des sorciers aient pu falsifier les résultats électoraux » des élections de décembre 2018.
Avant de passer la parole à Martin Fayulu, Adolphe Muzito rappelle : « Nous sommes tous leaders. Nous avons créé des partis politiques. Mais le peuple a plébiscité Fayulu. Nous devons l’accepter ». Message lancé cette fois-ci certainement à l’intention des cadres de sa propre coalition.
A sa prise de parole, Martin Fayulu, un des leader de la coalition Lamuka et président de l’Engagement pour la Citoyenneté et le Développement, se montre plus tribun que jamais, lançant tour à tour un message, « à la diaspora, à l’élite congolaise, aux pasteurs, aux juges, au peuple, aux forces de l’ordre et à la coalition FCC-CACH ». Des messages entrecoupés par des « nye nye ! »
L’ancien candidat de la coalition Lamuka à l’élection présidentielle 2018 a tenu un discours dans lequel il n’a ménagé ni Félix Tshisekedi, ni la coalition FCC-CACH, au pouvoir.
Fayulu a encore revendiqué « la vérité des urnes ». Il dit avoir écrit à l’Union Africaine en février dernier pour proposer deux solutions de sortie de crise en RDC : pour Fayulu, l’Union Africaine aurait dû s’investir pour le recomptage des voix après les contestations intervenues après l’élection de décembre 2018. Mais à défaut du recomptage de voix, l’ex candidat exige carrément une élection anticipée, laquelle devra être organisée après des réformes de la loi électorale et réforme de la Commission électorale.
« Tenez-vous prêts », a-t-il lancé à la foule, entièrement acquise à sa cause. « Je suis un combattant. Si rien n’est fait, nous marcherons pour aller faire le siège du Palais du peuple ». Il promet d’appeler à manifester au Palais du peuple, siège du parlement, alors que selon la loi en RDC, le siège du parlement ne peut être « violé » par des manifestations politiques.
Fayulu a ensuite rejeté les réformes de la justice initiées par des députés du Front Commun pour le Congo et la désignation de Ronsard Malonda à la tête de la Commission électorale.
Le président de l’Ecidé ( Engagement Citoyen pour le Développement) a également rejeté les récentes nominations des juges à la Cour Constitutionnelle par le président Félix Tshisekedi.
Le coordinateur de la « Dynamique pour la vérité des urnes » a appelé à soutenir un le Docteur Denis Mukwege, victime de menace de mort. Martin Fayulu a aussi rendu hommage aux congolais, victimes de tueries dans la partie orientale du pays. Le président de l’Ecidé a eu également une pensée pour Pierre Lumbi, Secrétaire général d’Ensemble pour la République et ancien Directeur de campagne de Fayulu, décédé à Kinshasa au mois de juin dernier.
Patrick Ilunga
