C’est depuis le 22 août 1964, qu’a vu le jour le Parti Lumumbiste unifié (Palu), parti cher au feu le patriarche Antoine Gizenga Fundji. Proche de l’ancienne majorité présidentielle (MP), devenue aujourd’hui Front Commun pour le Congo (FCC), le Palu a totalisé le samedi 22 août dernier, 56 ans d’existence. Une date souvent célébrée avec faste au sein de toutes les fédérations de ce grand parti politique du pays. Pour cette année, il était prévu, selon l’annonce faite Jeudi dernier par Godefroid Mayobo, actuel Secrétaire permanent et porte-parole du parti, des matinées politiques au siège national du Parti et plusieurs autres activités en provinces.
Seulement, le constat fait sur le terrain démontre à suffisance que ce 56ème anniversaire du Parti Lumumbiste unifié est célèbré dans un contexte tout à fait particulier, caractérisé notamment par une persistante crise de leadership, au lendemain du double décès d’Antoine Gizenga et de son fils Lugi Gizenga qui, de leur vivant, avaient réussi, tant bien que mal, à garder ce Parti uni. Il s’observe ces jours, une terrible guerre de leadership.
Deux courants ont été constatés au sein du parti. D’un côté, les conservateurs dont des membres de famille biologique de feu le patriarche. De l’autre, les modérés, rangés derrière Godefroid Mayobo.
Cette crise s’est amplifiée après le décès de Lugi Gizenga, fils de son père, décédé le 2 juin 2020 au poste de Secrétaire permanent du Palu. Ces deux décès au sommet du parti, ont d’office crée la vacance au postes de Secrétaire général et de Secrétaire permanent du Palu. D’où, la nécessité et l’urgence d’un congrès. Ce congrès, le premier après 56 ans d’existence du Palu, permettra au parti de se choisir de nouveaux animateurs. L’éventualité de la révision des textes statutaires du parti n’est pas à exclure, fait remarquer Forum des As.
Au sujet notamment de la tenue de ce congrès, le nouveau Secrétaire général ad intérim du Palu, Sylvain Ngabu, a annoncé le mercredi dernier, l’imminence de cette grande réunion stratégique du parti. Selon lui, la Commission technique ad hoc a déjà apprêté son rapport. Mais aucune précision n’a été donnée quant à la date de l’organisation effective dudit congrès. Toutefois, Sylvain Ngabu qui a pris ses quartiers à la 4ème rue Limete où le parti a ouvert son nouveau siège, a sonné le pipeau pour battre le rappel des troupes.
En d’autres termes, note Forum des As, il a demandé au camp considéré comme celui des dissidents, de revenir à la raison.
Ainsi qu’on peut le constater, beaucoup d’eau a coulé sous le pont Palu, après la disparition en février 2019, de son créateur feu Antoine Gizenga. A ce jour, un vent d’instabilité souffle au sein de ce grand parti des masses. En interne, certains cadres accusent ouvertement quelques membres de famille biologique du Patriarche Gizenga de vouloir intentionnellement préempter le parti, au mépris des textes statutaires qui le régissent.
Selon des analystes, l’impasse actuelle au Palu était prévisible, car pendant les derniers moments de vie du patriarche, on lui a reproché de n’avoir pas suffisamment préparé la relève, pendant qu’il avait encore le contrôle de toutes ses facultés.
De son côté, Godefroid Mayobo, qui se déclare statutairement Secrétaire permanent du parti, avait promis de mettre le cap sur la redynamisation et le redressement du parti, considéré non sans raison, comme un patrimoine national.
Désigné à ce poste, Godéfroid Mayobo dit connaitre par cœur les défis à relever. « Nous avons trois objectifs. Le premier est la redynamisation et le redressement du parti. Ce qui, à notre humble avis, constitue effectivement les caractéristiques du bon fonctionnement d’une formation politique organisée », avait-il déclaré à nos confrères du Forum des As.
Par redynamisation du Palu, Godefroid Mayobo sous-entendait, entre autres, la tenue régulière des réunions des militants dans leurs structures ou cellules, des cotisations des membres du parti et l’enseignement de l’idéologie du parti aux militants, de manière à les mettre en situation de faire la propagande pour l’adhésion d’autres Congolais au parti.
Son deuxième objectif, disait Godefroid Mayobo, est le renforcement des capacités matérielles (siège, mobilier, moyens logistiques de travail) et financières du Palu. « Evidement, avec toute cette histoire de caution ou les frais de mission et l’organisation du congrès de notre parti, Il nous faudrait bien mobiliser les moyens», avait-il renchéri.
Le troisième challenge, ajoutait Godefroid Mayobo, est sans doute la préparation du Congrès du parti. Mais il s’est montré prudent quant à la date. «Au stade actuel, nous ne pouvons pas encore avancer une quelconque date de la tenue de cette importante réunion de notre parti. Le Congrès, malheureusement pour certains et heureusement pour nous, est bien défini dans les textes statutaires», avait-il souligné dans un entretien à la presse.
En ce qui concerne la composition du Congrès, le nouveau SP du parti cher au défunt patriarche Antoine Gizenga, renseigne que cette question est déjà réglée dans les textes statutaires du parti. Ainsi, prendront part au congrès, les 12 membres du Bureau politique, les 372 Secrétaires provinciaux (pour le moment), les chefs des sections… Selon Mayobo, ce sont ceux -là qui pourront prendre une résolution d’extension intégrant d’autres capacités, d’autres expertises acquises tout au long des soixante ans d’existence du parti, le congrès étant souverain.
A en croire certains analystes politiques, seul un congrès organisé conformément aux dispositions statutaires, peut aider le Parti Lumumbiste unifié à dissiper tout le malentendu et repartir sur de nouvelles bases et lui permettre de consolider son unité à travers l’ensemble du pays et lui accorder la chance de pouvoir faire face aux enjeux électoraux qui pointent déjà à l’horizon.
Théodore Ngandu
