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RDC Les inquiétudes montent à l’approche des élections

A moins de deux mois des élections générales en République démocratique du Congo, les inquiétudes montent à propos de l’issue du scrutin qui devrait opposer le président Félix Tshisekedi, qui est candidat à sa propre succession à une vingtaine des challengers. Dans un rapport intitulé « Élection en RDC, limiter les risques de violence », publié le 30 octobre, International Crisis Group craint qu’une gestion « sans consensus du processus électoral ne puisse accroitre les risques de contestation des élections et de violences connexes ». « Cela pourrait nuire à la stabilité du pays », lit-on dans le rapport.

Pour cette ONG, « de nombreux risques pèsent sur le cycle électoral en République démocratique du Congo ». L’ONG craint les risques sécuritaires liés à la guerre à l’Est de la RDC, mais également aux affrontements qui pourraient s’en suivre en cas d’une election contestée.
« Pour atténuer ces risques, le gouvernement devrait veiller à ce que tous les partis puissent faire campagne librement, et les puissances africaines et occidentales devraient encourager les partis à trouver des compromis et se préparer à une médiation au cas où elle serait nécessaire », a écrit International Crisis Group.

La crainte est d’autant plus fondée que tous les candidats n’étaient pas assurés de concourir librement à l’élection présidentielle. Lundi 30 octobre, au moment où le rapport de International Crisis Group était publié, une bouffée d’apaisement est venue de la Cour constitutionnelle. Cette Cour, la plus haute juridiction de la RDC, a rejeté la requête introduite par un candidat à la présidence, Noël Tshiani, qui a initié une plainte contre une autre, Moïse Katumbi pour « défaut de nationalité ». La décision de la Cour constitutionnelle a pu apaiser une tension politique qui risquait de faire imploser le pays.

Mais la liste définitive sera publiée le 18 novembre avant la campagne électorale qui débutera un jour après. La campagne électorale promet d’être très chahutée. C’est justement ce que relève le rapport de International Crisis Group. L’ONG estime que « le risque de violence localisée est élevé. Un résultat présidentiel serré ou contesté pourrait également conduire à une crise nationale, comme ce fut le cas en 2018 ». Selon International Crisis Group, l’opposition Congolaise est « confrontée à une répression accrue du gouvernement et à une commission électorale nationale indépendante (Ceni) qu’elle considère comme favorable au parti au pouvoir. »

Certains leaders de l’église catholique ont plusieurs fois pris des positions tranchées, contre le processus électoral en cours. Le débat autour du doute sur la transparence du processus électoral a installé un climat de méfiance entre d’une part l’opposition et le gouvernement et de l’autre, certains pères de l’église catholique et la commission électorale nationale indépendante. La confiance est totalement perdue entre les parties prenantes.
International Crisis Group recommande que les puissances africaines et occidentales encouragent les responsables politiques à faire des compromis. « Ils devraient également dénoncer les abus ».

Ainsi que le remarque l’ONG, « le consensus nécessaire pour que les élections se déroulent sans heurts fait cruellement défaut ». International Crisis Group craint que tous ces ingrédients ne débouchent sur des affrontements entre les membres des différents partis.
Dans cette ambiance de méfiance, l’opposition se retrouve elle-même fragmentée. Les militants de l’opposition ne sont pas forcément en paix entre eux aussi.
Des défis se dressent sur le processus électoral, mais la CENI assure que les élections auront bien lieu le 20 décembre. Le gouvernement, par le biais de son porte-parole Patrick Muyaya estime que le processus électoral en cours est apaisé, comparé à celui de 2018. Malgré les assurances du gouvernement et de la CENI, des doutes ne sont pas totalement levés chez certains observateurs.

« La commission électorale nationale indépendante est confrontée à des défis logistiques et politiques considérables », note le rapport. L’ONG indique, à juste titre que la RDC manque des infrastructures. Cette difficulté s’ajoute aussi à la crise du transport aérien que connait actuellement le pays. La liaison entre des provinces est assurée par des avions de plus en plus rares depuis que la Compagnie nationale, Congo Airways, a suspendu ses vols du fait d’une flotte déficitaire ».

International Crisis Group soulève les inquiétudes, surtout celles liées à l’insécurité à l’Est de la RDC, où les combats sont intenses entre les groupes d’autodéfense Wazalendo et les rebelles du M 23 depuis deux mois. En octobre, l’armée Congolaise a également eu des accrochages avec le M23. L’insécurité a forcé des millions des Congolais à fuir leurs villages. « Les combats ont privé plus d’un million de citoyens de carte d’électeur. La reprise des combats au début du mois d’octobre entre le M23 et l’armée et ses supplétifs a fait craindre que même les personnes possédant une carte d’électeur ne puissent pas voter en raison de l’insécurité », peut-on lire dans le rapport.

Dans les provinces de l’Est de la RDC, fortement militarisées, international Crisis Group craint que, des élections troublées et contestées ne puissent constituer un point de déflagration
qui rendrait encore plus vulnérables les populations civiles face aux différents groupes armés. Le 23 octobre, « 60 civils ont été tués par des groupes armés rwandais », selon les autorités Congolaises. Ces personnes ont été tuées alors que des clashs avaient éclaté entre le M 23 et l’armée Congolaise près de Goma, au Nord-Kivu. « Le 30 août de cette année, plus de 50 civils avaient tués à Goma par des soldats de la Garde républicaine, une unité de l’armée Congolaise », rappelle le rapport de l’ONG.
International Crisis Group recommande au « gouvernement de renforcer la confiance dans les forces de sécurité ».

Patrick Ilunga

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