Politique

Le triangle de la crise : la Politique, la Constitution et la Justice

Chaque jour qui passe amène son lot de malentendu qui vient ajouter à la confusion générale qui désormais, caractérise la gouvernance du pays. Il ne se passe pas un jour sans que des pans entiers des certitudes s’écroulent et que les fondements mêmes de la démocratie soient ébranlés. Alors que la polémique autour des dernières ordonnances n’est pas épuisée car des marches continuent à être organisée dans le pays, l’opinion avait l’impression que cette étape pouvait être réglée par le temps avec les remises et reprises. Mais c’était sans compter avec la bombe lancée par les deux juges de la Cour Constitutionnelle qui ne se sont pas présentés à la prestation de serment organisée à leur intention des suites de leurs nominations. Pour ne pas laisser la place aux spéculations ils ont écrit au Président de la République leur volonté de rester à la Cour Constitutionnelle du moment que leur mandat courait encore. C’est gravissime disent les premiers observateurs interrogés par Geopolis Hebdo, car ces cérémonies sont préparées autant que les nominations le sont. Ces magistrats qui ont exercé leur carrière jusqu’ au sommet de leur structure sont certainement des grands responsables qui savent que cette fonction est fondamentalement au-dessus de toute considération politique. Ils ont écrit (lire l’intégralité de leur courrier au chef de l’Etat ci-dessous) pour expliquer leur démarche.

En clair ils ne sont pas d’accord de ce transfert vers une autre institution au moment où leur mandat n’est pas épuisé. Qu’ils disent que ils ont appris leur désignation au travers des médias prouve que personne ne se parle dans ce pays, et que le dialogue des administrations est un vain mot. Pour qu’un haut magistrat soit nommé il est dit qu’il l’est sur proposition du Conseil supérieur de la magistrature.

Que s’est-il donc passé ? Comment les autorités du pays peuvent livrer au peuple le spectacle d’un tel imbroglio s’interrogent des observateurs qui trouvent que le pays s’engage sans frein dans une spirale des malentendus et qu’au bout du tunnel le risque d’une déflagration car chaque opinion désormais se couvre d absolutisme. Quelque que soient les raisons évoquées par les uns et les autres il y a selon les experts en sociologie des crises, une collusion entre les faits politiques, les faits judiciaires et l’interprétation orientée de la Constitution. A partir du moment où chaque pouvoir se revendique des prescrits constitutionnels et qu’il entre malgré tout en contradiction avec un autre, il y a forcément un recul démocratique. Aujourd’hui les yeux sont tournés vers le chef de l’Etat, en sa qualité de garant du bon fonctionnement des institutions, de procéder à une large consultation pour identifier les sources de tous ces malentendus. La justice répare des préjudices et combat les i injustices, elle est par contre impuissante de régler les différences qui naissent des visions du monde. IL n y a que la politique qui permet de nouer les angles de perception. A partir du moment où celle-ci la politique se mêle de la justice et que les magistrats se sentent de prendre des couleurs partisanes dans l’exercice de leur fonction, le pays est en danger. Va-t-on dire sans risque de dévier que ceux qui ont accepté ces nominations ont par ce fait démontrer leur allégeance politique ? Et que ceux qui ont refusé viennent de donner leur couleur ? Ce serait grave de penser ainsi car c’est détruire le socle de la séparation des pouvoirs sur lequel est assise notre démocratie. Et pourtant il y a des doutes que le virus politique se soit immiscé dans la justice et poussé nos magistrats à un alignement idéologique, chose qui serait grave pour la suite des évènements.

Il est encore possible de croire que ce sont des malentendus au sein du corps et que des erreurs éventuelles se soient glissées dans l’un ou l’autre dossier , sinon si c’est au nom de la Constitution que la justice va faire de la politique et que la politique veut régenter la justice, nous sommes bel et bien dans le triangle de la crise et comme le triangle de Bermudes, aucun bateau n’en sortira, surtout le bateau Congo.

Robert Tanzey

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